mercredi, 03 octobre 2007
Nightshade de 6 à 7
On est plus trés loin d'avoir dévoilé tout Nightshade. Plus que deux propositions, après cinq essais non transformés, cinq effeuillages un peu vains, nous laissant jusqu’ici sur notre faim. Ne restent plus à enlever que les deux derniers des sept voiles de Salomé. Deux mystères, on espère. Que l'on promet de révéler.
Mais voici qu’une pin-up, regard baissé ou perdu ailleurs,
laisse lentement glisser sur sa peau un peu de soie. De quoi nous
réconcilier: Alain Platel
a eu assez d’humilité pour travailler dans le cadre du
concept, tout en faisant qu’émerge du spectacle une réflexion sur la
nature de ce cadre même. Le fait est que le numéro de Platel, créé
dans des lieux cultureux, pourrait trouver sa place dans un cabaret
haut de gamme, sans étonner, sans détonner. Danse ou strip-tease, danse
et strip-tease à la fois, selon le regard que l’on porte sur l’objet.
Les fondamentaux sont respectés, et la température peut s’élever
rapidement: pour commencer Caroline Lemaire est
absolument bien faite, les dessous sont chics, le déshabillé noir
transparent, les talons aiguilles rouge vifs, les gestes
negligement balancés au rythme d’une innocence feinte, l’orchestre
souffle à nos oreilles une scie de Gainsbourg, manière assez cynique
mais efficace de nous emmener complices.
Mais tout cela ne resterait que joliment anecdotique, sans le petit coup de génie de ces rideaux mouvants. A à chaque étape du dénudement, ils cadrent et redéfinissent notre champ de vision. Et nous donnent ainsi à penser sur ce que notre regard guette. A chaque abandon de vêtement le champ se rétrécit, nos yeux sont fermement dirigés, recadrés en gros plans sur le corps dévoilé. Le corps dont dans le même temps l’escamotage est annoncé. La danseuse participe négligemment et ambiguë à ce jeu, accompagne ou freine-on ne sait- le mouvement des rideaux qui peu à peu la dérobent. Par le mouvement du cadre tout est déjà dit, ironiquement, que ne pourra jamais s'assouvir le désir qui poursuit des yeux cette Eurydice fractionnée. L’effeuillage ne mène jamais nulle part, sinon à un tour de passe-passe, ne tient jamais les promesses auxquelles personne n’a cru vraiment. Le mécanisme paradoxal du strip-tease est intelligemment mis à nu. Et en conclusion, le sexe de la danseuse également…mais, comme il se doit, hors champ!
On
est encore emballé, émoustillé, frustré forcement et
déjà consolé, avec le sentiment d'avoir fait le tour de la question. Coup de théâtre: Caterina Sagna nous
prend par surprise, pour déconstruire sans ménagement tout ce que
nous avons vu, tout ce que nous avons accepté trop facilement. La
chorégraphe, à l'exact inverse d'Alain Platel, refuse de rentrer dans
le jeu. Elle entreprend de démonstrer par l'absurde tout ce
ce que le concept peut porter en lui de révoltant. La performance de Sky van der Hoek est
- ce n'est pas un hasard- de toutes celles de ce soir la plus nue, la
plus crue, la plus cruelle. Pour montrer comment la
danse contemporaine peut être- sans s'épuiser
en mots- dérangeante, assez intelligente pour à la fois être
spectacle et dénoncer. Pourquoi et comment? On ne le dévoilera pas ici,
le découvrir est peut être la meilleure raison d'aller voir Nightshade....
C'était Caroline Lemaire dirigée par Alain Platel, et Sky Van Der Hoek dirigée par Caterina Sagna dans le cadre de Nightshade, à la grande Halle de la Villette, jusqu'au 13 octobre.
20:00 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
dimanche, 30 septembre 2007
2 fois Nightshade: du strip sans tease
Les vetements tombent, Nightshade continue: quatre spectacles, quatre corps encore. Et oui, bien vu JD: la proposition de Claudia Triozzi, reproduit en plus court, et en modèle réduit, les procédés d'Up to Date. A moins que cette saynète, que vit déjà le Tadorne à Marseille en janvier, ai été un brouillon de la plus longue pièce présentée en mai dernier aux RCIDSSD.
Dans un cas ou dans l'autre, la chorégraphe semble utiliser le
strip tease de ce soir comme un prétexte. Pour, plutôt
que de profiter de la contrainte pour se remettre en
question, tordre l'objet de force dans le sens
de ses propres recherches...
Sans y arriver: Cécilia Bengolea ne trouve pas sa place dans le trop plein visuel qu'autour d'elle accumule Claudia Triozzi. Lors d' Up to date l'oeil perdait la danseuse, escamotée, plusieurs minutes presque invisible, dans un labyrinthe de formes et de couleurs. En dix minutes ici, impossible d'installer de tels effets. D'accoutumer le spectateur à l'ambiguité, puis de dérouler une narration. La contradiction ne se résout pas, entre l'obscurcissement qui est ici entrepris, et le dévoilement plus net qu'exigerait le genre. Le contraste n'apparait pas, le corps au départ habillé n'est jamais bien défini en tant qu'enjeu, ses avatars ensuite nous laissent à distance, étrangers. Perdu dans tout ce foisonnement, l'apparition finale et lumineuse d'un cul rond et nu, est juste incongrue.
Pourtant la Halle de la Villette se dégèle peu à peu, et restent toujours trois numéros à dévoiler. Avant Cécilia Bengolea, s'était effeuillée Delphine Clairet. Mais qui a surtout beaucoup parlé, avec les mots de Vera Mantero.
Un commentaire bavard sur le strip tease, recherchant la connivence
avec le spectateur, et c'est bien là où se situe le problème. Pour
concilier dans le même espace-temps art et commentaire, il faudrait
être aussi doué que Thierry Baé, le résultat est ce soir inévitablement aussi creux que la chose présentée par V.M.
au Centre Pompidou l'automne dernier. Qu'elles soient entendues au
premier, second ou trente-troisième degré, des inepties, enfilées comme
des perles, restent des inepties. Pour ne prendre qu'un exemple,
la supposée pudibonderie dont auraient été victimes nos ancêtres tient
surtout du mythe qui a pour avantage de nous faire croire libérés
nous mêmes. Il n'y a qu'à se souvenir de Zelda Fitzgerald plongeant à poil dans la fontaine de Washington Square durant les années 20 pour s'en persuader.
Mais l'escroquerie consiste surtout à laisser exister, par une mise en scène bouffonne, une distance comique par rapport à ce qui est dit. Le spectateur, confronté à cette absence d'engagement, ne sait si ce discours aux implications artistiques et sociales est soutenu ou dénoncé. La seule victime de ce procédé un peu lâche est l'interprète Delphine Clairet, renvoyée à l'archétype de la grosse rigolote, à la tête creuse et aux avantages généreux. Dommage, car tout le beau potentiel de la strip teaseuse burlesque n'est pas exploité. Quand même, sauvée du gâchis, une belle et triste minute de poésie, quand pour sacrifier ses derniers vêtements à la nudité, c'est sur sa peau même que l'interprète doit les laver.
Moralité: arrivé à ce stade, on a rien vu, malgré le nu. On a rien vu de nouveau en tout cas. Ou rien trouvé à comprendre. Peut être, pour arriver à nous surprendre un peu, aurait il fallu plutôt demander aux chorégraphes de se déshabiller, et aux strip teaseuses de leur expliquer comment procéder...
Mais déjà montent sur scène Caroline Lemaire- avec Alain Platel- et Sky van der Hoek-avec Caterina Sagna, qui promettent, quoiqu'il en coûte, de nous montrer enfin toute la vérité... demain.
C'était Cécilia Bengolea chorégraphiée par Claudia Triozzi. et Delphine Clairet sur un texte et une chorégraphie de Vera Mantero, dans le cadre de Nightshade, à la grande Halle de la Villette, jusqu'au 13 octobre.
Guy
19:30 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (3) | Envoyer cette note
samedi, 29 septembre 2007
7 essais pour Nightshade
On arrive bon dernier pour découvrir Nightshade. Cent fois déja
découvert, tout à fait plus que nu, strip-teasé lignes après
lignes. Considéré avec soit tout l'enthousiasme du Tadorne, soit avec tout le recul de JD.
Embarras. Les polémiques sur-exposent l'objet, éclairé sous tous les
angles et par toutes les problématiques. En vrac: ambiguïtés
des rencontres entre chorégraphes et professionnels et leurs
risques de pudibonderie et condescendance, difficulté de
situer la chose ou pas du tout dans le champ artistique, pression
sur le spectateur renvoyé à un statut de voyeur,
banalisation de l'érotisme, etc..., etc..., etc...., etc.... On en
tellement lu qu'il nous semble déjà avoir tout vu. Donc, on
aborde l'expérience elle-même un peu collet monté, bras croisés,
comme resté au vestiaire, sans avoir pu se dépouiller de toutes les
idées déjà faites. Et puis on se gèle à la Villette.
Mais après vingt minutes et deux numéros, ce constat s'impose: il y a ici nul concept, tout juste un fil rouge. Comme dans les vieux films à steckches: il y avait Louis Malle, puis Vadim, puis Fellini. Ou Woody Allen, puis Scorsese. Donc ce soir à la suite, bien rangées, hermétiques, 7 performances, mis en scène par 7 chorégraphes contemporains-et à chacun son style-, interprétés par 7 professionnel(le)s du strip tease. 7 projets et 7 approches. Seul l'orchestre reste le même. Ne cherchons pas à distinguer un tout, ne regardons que les parties. Aucune loi générale à en tirer.
Préalable- puisque qu'il y a un point commun quand même- qu'est ce que le strip-tease? Relisons Barthes et Verrièle. Et rappelons juste que le contrat entre artiste et spectateur consiste implicitement en une promesse dont chacun sait qu'elle ne sera pas tenue: la danseuse/le danseur prendra tout son temps-utilisera beaucoup d'artifices- pour retarder le moment, où elle/il ne montrera que peu, et très brièvement.
Sept spectacles à raconter, c'est beaucoup.
Envoyons se rhabiller Eric de Volder (trop brumeux), Johanne Saunier(trop leger), Wim Vandekeybus (trop confus)...
Ca fait trois de moins, en reste quatre à déshabiller. On monte la lumière, on enlève son blouson, mais jusque là on a rien montré... demain promis!
Guy
19:05 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note
jeudi, 27 septembre 2007
Corps guillotinés
Le lieu est très déglingué- en comparaison Mains d'Oeuvresressemblerait au Palais de Chaillot-: affiches collées aux murs en guise de rideaux, pas une chaise qui ressemble à celle d'à coté, verre de rouge ou thé tiède, toilettes à la turque et bric à brac dans l'arrière cour. On s'y sent donc bien, on a réservé mais quelqu'un (qui?) nous a invité, c'est un peu à Montreuil le premier festival parisien de l'été.
Ce soir Corps etc... commence avec Sand, dansé par Romuald Luydlin. La Rock&Roll attitude se porte bien et tendance sur les scènes cette année: on a vu Kataline Patkai en Jim Morrison, et Mette Ingvartsen-se glissant nue dans le genre, efficace dans l'allusion. Et on a pas vu le championnat d'air guitar à la Fondation Cartier. Mais justement, que reste-t-il du rock quand la guitare est imaginaire, ou ici le danseur en chanteur sur bande orchestre? Juste l'attitude, et encore: ce soir le Rock&Roll Hero est fatigué, et les dix minutes de performance très léthargiques. Le bouton de l'ampli imaginaire bloqué à fond sur la réverbération, pour une ambiance David Lynch à petit budget. Paresse ou fausse route? La danse se heurte aux limites de l'imitation, comme le danseur bridé par le fil du vrai micro. Dommage, on se souvenait de La Zampa en plus énervé.
Aprés: Christie Lehuédé pour un extrait d'Autopsie d'une émotion 1, déja vu cette année à Artdanthé. Toujours d'une intelligente, belle, énergique sécheresse. On lit le dossier de presse, et on doit concéder qu'il y a parfois tout de même un rapport entre ce que les artistes écrivent, ou font écrire, sur eux-mêmes, et ce qu'ils donnent à voir sur scène. Ce que dit la danseuse quant à l'inspiration qu'elle a trouvé dans les travaux du docteur Charcot, sur la recherche d'un geste impulsif pour couper court à tout sentimentalisme dans l'exposé, fait sens. Qu'ajouter? De quoi décourager un peu nos commentaires antérieurs. Faut il continuer à écrire quand même? Extrapoler dans l'imaginaire? C'est le dilemme des chaussettes à têtes de mort portées par Eléonore Didier.
Mais pour couper court à ces reflexions, avant la pause une lecture d'Antonin Artaud. On frôle la consternation, l'incrédulité. Mais Raphaèlle Gitlis sauve brillamment la situation. Bonne introduction aux affres de Monoi par Nadège Prugnard. Dont on parlera tôt ou tard.
C'était Sand de la Zampa et Autopsie... de Christie Lehuédé. Dans le cadre du festival Corps,etc.. à la Guillotine. Jusqu'à samedi 29 septembre.
13:55 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note
samedi, 21 juillet 2007
Gare au Theatre: Magneto et Sisyphe
Il a le texte, il y a la danse. La danse heureusement, et même de très jolis moments. Jocelyn Danchik et Gauthier Rigoulot se découvrent l'un l'autre en un duo sensuel et amoureux, Malena Murua fait une avec un rideau de tente et on ne lasse pas de suivre la fébrile Blanka glisser tragiquement sur scène, aussi belle et impavide que Morticia de la famille Adams.
Hélas tout cela est rapiécé au fil d'une intrigue dont la puérilité nous plonge dans l'embarras. La thématique emprunte à l'univers des X-men de Marvel mais adapté pour classes maternelles. Il faut sans doute recommander la performance aux 5-10 ans, qui adoreront les dialogues ("Je suis un mutant", "Ah tu es un mouton!"), le costume de la femme sirène, et les apparitions de Maguy Ganiko habillé de côtes de maille, brandissant son épée en ombre chinoises derrière le rideau. C'est comme au guignol: attention gentils mutants, fuyez le méchant qui arrive pour vous couper en morceaux! Il faudra tout de même expliquer aux enfants que l'histoire racontée ici est pour rire: un créationniste ne peut pas, par définition même, considérer certaines espèces comme inférieures, car pour lui toutes sont censées être l'oeuvre de Dieu. C'est à l'inverse l'évolutionisme qui pourrait, mais par un développement perverti, prêter à ces dérives. Demandez donc au professeur Xavier. Pour inciter les enfants à venir jusqu'à Vitry, on pourra leur montrer des extraits du spectacle ici.
On est heureux de revenir dans le monde adulte, avec la compagnie Sisyphe Heureux. Le nom est déjà tout un
programme. Pourtant ici pas de rocher à pousser, mais sur scène un tas
de gravats. Perchée au dessus, la condition humaine, à l'épreuve de sa
vérité. Un danseur en costume de ville- Haïm Adri-
au corps et la mémoire habités par le foisonnement des danses
populaires, le coeur assailli par la surabondance des musiques et des
images sonores. Les mains dans la poussière, se saisissant de la
matière, cailloux après cailloux, le regard perdu et un peu fou. Pour
une heure de course offerte, c'est grave et émouvant.
C'était Mysteries of Love de la Cie FuryMoon Ultrabarroka Tanz-theater , par Maguy Ganiko avec Malena Murua, Jocelyn Danchick, Gauthier Rigoulot, Magy Ganiko et Blanka, à Gare au Theatre, jusqu'à dimanche.
C'était "Quelle est l'utilité d'une couverture", par la compagnie Sisyphe Heureux, dansé par Haïm Adri et mixé par Benoit Gazzal, à Gare au Theatre, jusqu'à dimanche.
Guy
10:55 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
jeudi, 21 juin 2007
Eleonore Didier: service minimum
Elle
n'a peur de rien et déjà pas d'étirer son solo pas loin de deux
heures, et devant si peu d'yeux. Peur de rien; on lit qu'en résidence ici durant un an elle a dansé chaque semaine pour un spectateur seulement. Concept
radical, à l'évidence intimidant. On regrette de ne pas
avoir postulé alors, mais le lundi matin ça n'est pas un
horaire. Elle n'a non plus pas peur d'être, plutôt que
de faire, de nous laisser seuls remplir le vide de
pensées, plutôt que de montrer le plein. On ne
peut d'ailleurs plus ici parler de danse, plutôt d'un exposé
d'états de corps. A prendre ou à laisser, en deux parties bien
contrastées.
Au début le sujet gît au sol, noyée dans une doudoune d'une couleur douteuse, tête sous la capuche et visage bouffé par les cheveux. En état d'apathie extrême. Ça traîne par terre, ça remue de l'orteil juste alors qu'on commence à désespérer. Une quasi immobilité, de l'intérieur inerte, rien à voir avec l'énergie contenue d'une danseuse de buto. Encéphalogramme plat. Quand même, une jambe bouge et l'autre, et à quoi bon au fond? Retombe. Sans qu'on ait vu très bien comment, elle a rampé presque d'un mètre. S'est retournée sur le dos, se tord vaguement, un doigt agité. C'est qu'elle a manifestement du mal à exister. Est ce par peur, amnésie, doutes, lassitude? En tous cas on s'y fait, on s'intéresse. On baille un peu mais on reste. Ou cette passivité apparente est elle l'effet d'une volonté? Peut-être la danseuse résiste-t-elle placidement contre la tentation du mouvement, peut-être lutte-t-elle obstinément contre le temps qui passe et l'impatience. Étrange: elle finit par gagner et nous gagner avec, elle remporte le combat de la non-urgence. Dans cette quête léthargique, l'égarée perd en route chaussures et jean. C'est l'effeuillage le plus long et mou de l'histoire de la danse, durablement stabilisé à l'étape doudoune et petite culotte bleue. Les jambes nues dessinent en bas un commencement d'animation, une personnalité s'esquisse, qui lutte contre l'anonymat que fait peser encore sur le haut du corps la doudoune informe. Elle s'agite presque, puis pour de bon, puis plus franchement encore, et on identifie jusqu'à ne plus pouvoir les nier les mouvements subis d'un coit rude et essoufflé, impulsés par un partenaire imaginaire. Après, en récupération, cinq bonnes minutes d'immobilité complète. Silence, Blanc. Les sept spectateurs sont disséminés le long de deux des cotés de la salle, aussi visibles que celle au milieu, et qui ne bouge plus. Ceux qui la regardent semblent un peu plus nerveux qu'elle, sans qu'il n'osent s'interroger du regard pour autant. L'un consultant quand même furtivement sa montre au poignet. Fausse alerte, la performance n'est pas finie: la performeuse a bougé. Se hisse sur une marche d'une fesse hésitante, en glisse et retombe lourdement, inerte. Une heure presque est passé et si on est resté jusqu'à travers ces cinq dernières minutes, on a renoncé à tout. Désormais la danseuse peut parfaire sa victoire en prenant possession de l'espace entier, venant nous frôler les uns et les autres, ainsi les uns après les autres à la somnolence arrachés. Elle est tout à fait réveillée, et réussit le passage au vertical. Maintenant s'ouvre la possibilité du mouvement: hop et les pieds aux murs, incroyablement spectaculaire et acrobatique par rapport à tout ce qui a précédé. Exploration de l'espace disponible: il y a-t-il une vie possible entre le mur et les cloisons en placo? Disparition dans d'impossibles interstices.
Réapparition et rupture de ton: la seconde partie partie se dénude franchement et sans manières, face aux fenêtres grandes ouvertes sur le canal Saint Martin, dans la chaleur nonchalente de ce début de soirée de juin. Peur de rien décidément, sauf qu'il n'y ne reste en fin de compte ici pas plus de provocation que de pudeur. C'est juste qu'à ce moment elle "est" enfin pour de bon. Libérée de la doudoune et de la culotte bleue, occupée à se définir elle-même. A trouver sa place dans cet espace flou. Un lieu brut et nu, sans espaces nets ni décors, tout de récupération industrielle, où chaque spectateur s'est installé au hasard en rentrant. Un lieu qui mérite bien son nom de Point Ephémère. Eleonore Didier est très occupée, à deux pas d'elle on se sent à peine exister. Devant sept spectateurs, ou un seul, ou aucun, ou juste face aux fenêtres devant toute la berge opposée du canal Saint Martin, son entreprise resterait sans doute la même: seule et affairée, s'examiner imaginaire à travers la visée d'un appareil photo sur pied, déclencher le retardateur et venir devant l'objectif poser, plaquée contre le mur, sérieuse et laborieuse, dans diverses positions convenues, ou alors beaucoup moins. En tension, plaquée, ou renversée, vers les limites, sang à la tête, l'équilibre forcé. Jusqu'à, à nouveau, essayer de se couler dans les angles perdus du mur, la chair contre le grain du béton. Le naturel forcé. Impasse et peine perdue. La séance photos abandonnée on passe à l'évocation d'un musée vivant, une promenade figée en postures empruntées à la statuaire antique. Comme la recherche d'autant images idéales et rêvées.
Enfin se répète deux, trois fois un dérisoire épilogue, à nouveau en doudoune mais toujours sans culotte bleue, à poser ci et là une échelle dans les axes successifs de nos points de vue de chacun, et s'y percher pour des acrobaties pendues, lasses et un peu crues. A l'avidité du regard presque un pied de nez.
Puis E.D se rhabille enfin, prenant son temps jusqu'au bout, de la capuche aux chaussures. Sans marquer la fin, sans solliciter d'applaudissements. S'en va et ne revient plus. Pour une absence tout aussi existentielle que ses présences d'avant.
Paris tenu.
C'était Eléonore Didier pour la création de Paris, possible ♥♥♥♥, à Point Ephémère.
C'est gratuit et ça recommence au même endroit, mardi prochain le 26 juin, à 19h ou à peu prés.
Guy
19:35 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (3) | Envoyer cette note
mercredi, 20 juin 2007
Alexandra Bachzetsis mange des chips
Une
puis deux puis trois potiches qui mangent des chips, plantées face au
public. Faute de mieux on scrute très attentivement le très peu qui est
donné à regarder: micro-gestes et minimales mimiques, mouvements des
sourcils et du poignet, comme autant de messages sociaux ordinaires et
insignifiants, autant d'attitudes situées quelque part entre une
effronterie gamine et une insouciance un peu idiote. Cela dure et
pourrait- pourquoi pas- durer encore plus longtemps, c'est peut -être
pourtant la séquence la plus significative de la performance: un exposé
-catalogue de stéréotypes féminins, inscrits dans les gestes les plus
infimes.
On passe après très logiquement à l'audition des futures stars. La déclinaison des clichés devient plus choc et chic. Postures rocks et micro empoignés dans le vent, poses aguicheuses. Le désir est si manifestement mimé, version clip publicitaire, qu'il est clair que c'est la représentation qui est jouée, sans épaisseur aucune, et plus rien du tout de la chose en elle-même. On continue impeccablement dans la même veine cynique, par un sage effeuillage dansé, avec de jolis effets de noir et de lumière tels ceux que les usines d'érotisme pour cars de touristes ont depuis longtemps épuisés.
Tout cela est bien vu mais bien vain. On touche vite aux limites du projet, que l'humour et la connivence ne suffisent pas à sauver. A vouloir représenter les codes sans prendre de distance, on ne construit plus de différence entre le stéréotype et sa représentation artistique. Sur un thème voisin, avec Beauté Plastique, Ferron et Unger réussissaient une vrai création, le trouble en plus. Ici veut-on nous amener à réfléchir sur des sujets qui nous paraissent déjà tout réfléchis? Nous conforter dans la résolution de ne jamais regarder la télévision, en nous montrant déclinés sur scène les mêmes clichés que sur écran, perdus quelque part entre premier et second degré? Ou est-ce pour démontrer que l'on peut nous transformer en misogyne en 40 minutes?
C'était A.C.T. ♥♥ d'Alexandra Bachzetsis, avec Alexandra Bachzetsis, Lies Vanborm et Tina Bleuler, au Centre Culturel Suisse.
Guy
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08:45 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
samedi, 16 juin 2007
Mana Hashimoto: entre le ciel et l'enfer
C'est
un étrange parcours, patient, sinueux, que la
danseuse dessine à pas mesurés, et conclut en quasi
apesanteur. En dessous,
au dessus, autour, par basculements gracieux, d'un étrange hamac
en équilibre entre ciel et terre. Une juste place enfin trouvée.
Lenteur et sérénité. La suspension devient rêverie, sublimée par
les jeux de lumières. Une fois redescendue sur scène, la
danseuse revient vers nous au plus près et au plus simple.
Tout pathos ici est absent, un temps pour la sérénité, cette danse
nous apaise, son calme est contagieux.
Il faut évoquer la cécité de Mana Hashimoto. Non pour verser dans le sensationnalisme. Encore moins pour solliciter de la complaisance. Mais pour souligner combien cette particularité transforme le rapport attentif qui se tisse, le temps de la performance, entre elle l'artiste et nous les spectateurs. D'une qualité très particulière.
C'était "Sous un ciel variable à la poursuite du fil d'Ariane" de et avec Mana Hashimoto, invitée par Moeno Wakamatsu à la Fond'action Boris Vian.
Guy
19:10 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
lundi, 28 mai 2007
Saskia Hölbling: F comme ?
JDs'est éclipsé après le solo de Maria Donata d'Urso, prétextant un problème de billet. Prudence ou prémonition? La pièce de Saskia Höbling suit et commence, mais sans commencer vraiment. Les accessoires sont bien là, épars, mais l'espace tarde à se faire habiter. Las, trois présences féminines s'installent en prenant leur temps, la soirée continue sous le signe de la patience.
Cette forme sous un drap est celle d'une femme nue, mais qui une fois dévoilée reste encore longtemps, très longtemps inanimée. Ses
deux partenaires, après quelques fausses entrées, explorent
nonchalamment ce territoire bien encombré. Il y a du travail: sur le
sol pâle billes, jouets, arbustes, mannequins en morceaux,
poupées, dalles de gazon, échelle, tulle, vêtements de genres
différents, perruques, fourrures, coquillages, chaises, lampadaires...
Il s'agit sans doute d'épuiser les possibilités de vagues
manipulations qu'offrent ces objets incongrus. Il s'agit
de danser un peu aussi, mais si peu, comme par accident comme par
distraction, de manière décalée, comme pour évoquer par gestes perdus
des souvenirs oubliés. Les transitions entre chaque action
s'insinuent heureusement à rebours de toute logique: quand une
danseuse extrait interminablement de sa blouse de travail
une pièce de vêtement, c'est pour aller ranger la chose dans
un carton et ne s'en servir que beaucoup plus tard.
Mais à force de passer chacune d'un objet à l'autre les filles perdues donnent l'impression de ne jamais trouver chaussure à leur pied. Dans ce jardin un peu triste l'ennui même ironique devient contagieux. On se console en cherchant dans cette désolation un peu de poésie, et dans ce bric à bric des reminiscences de Dali. Quand on est oisif et désoeuvré parfois on tue le temps en allant se baigner. C'est une exquise surprise pour conclure et nous réconcilier: nos trois belles deviennent baigneuses endormies à ne pas remarquer l'absence d'eau- bonnets fifties et maillots démodés, toutes trois ensemble réunies enfin, dans un lieu fictif et qui commence à exister. Pour qu'elles créent du charme in extremis, de la délicate nostalgie. de l'étrange dans une belle rêverie.
C'était F on a pale ground ♥♥♥de Saskia Höbling au CDN de Montreuil , avec Les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine Saint Denis.
Guy
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22:25 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
samedi, 26 mai 2007
Maria Donata d'urso: Lapsus ou répétition?
Quand on a déja vu une fois Maria Donato D'Ursose
fondre morceau par morceau sur/à travers une table truquée, faut-il
retourner la voir tourner dans un anneau géant? Pour dire vrai on se
disait in petto que non, ne nous y risquant finalement que sur la sollicitation amicale de JD. Moralité: alors que JD,
d'avance convaincu, en ressort trés déçu, nous au départ réticent on en
revient intéressé. A se mettre les jambes en haut, la tête en bas, puis
au milieu et dans tous les sens possibles, elle a finit par tous deux
nous retourner.
Plaidoyer: oui d'accord il n'y a ni recit ni morale. Oui, on frise l'esthétique publicitaire. Oui on constate l'épuisement systématique des procédés. Oui d'accord sur tout, et alors? Il faut accepter de revenir à l'essentiel, écouter cette lente respiration qui nous dit: "arrêtez vous un instant, oubliez et regardez, oubliez que vous voyez un corps comme déja vu cent fois et laissez vous surprendre à voir d'autres choses". On repense aux impressionnistes, aux pointillistes, au cubistes, qui réinventaient la forme humaine et le nu. Ici nait un projet du regard au ralenti, à la fois voisin et à l'exact opposé du travail de Claudia Triozzi. Cette dernière jouait sur le plein, la surcharge et l'accumulation. Maria Donata d'Urso épure jusqu'au presque rien, la rencontre de formes qui se détachent en ombres sur le fond. Après les rondeurs de sa précédente Collection particulière posées sur un plan horizontal, ici des lignes brisées de corps qui naissent d'un point de départ foetal, s'élancent et se replient au sein de la rondeur faciale d'un cercle protecteur. D'une performance l'autre la stratégie visuelle se poursuit mais les effets sont loins de se répéter. Bien sûr, on somnole un peu- la bande son est spatiale et la vision floutée- puis on est réveillé par un éclair opportun ou, à coté de nous, par les manifestations d'impatience de JD. Mais une fois qu'on a renoncé à attendre quoi que ce soit, on accepte que des images apparaissent, contours dessinés par les membres, les replis, les chairs de cette femme nue. Les caractères mystérieux d'un alphabet féminin, les aiguilles d'une horloge organique à contresens du temps, les pinces d'un mollusque indolent, une respiration qui lourde s'impose et fait ressentir l'existence du dedans, une pupille palpitante de lumière au centre d'un oeil géant, un personnage au bord d'être emporté par la tempête, pour finir une femme qui médite perchée sur un croissant de lune. L'anneau est un portail vers d'autres dimensions, comme le savent tous les amateurs de fiction: quand la danseuse disparaît d'un coté, alors qu'elle réapparaît, c'est transformée...
Tiens, c'est fini, déja ou enfin. Pour la prochaine performance, plutôt que pour le carré on pose un pari sur la sphère transparente et suspendue. Ou le ruban de Moebius.
C'était Lapsus ♥♥♥♥, par Maria Donata d'Urso, au CND de Montreuil, avec les Rencontres du 9-3
Guy
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lundi, 21 mai 2007
Pouliches: Manon fait du cheval
Pouliche,
bien qu'en talons aiguilles, elle s'ébroue, piaffe et rue, s'arqueboute
contre le mur, se roule au sol, arpente le manège à quatre pattes.
Remarquable métamorphose, à un tel point qu'on ressent l'épaisseur
molle de la chair, évidente,
d'une lourde nervosité, lentement agitée de mouvements abêtis. Quelque
chose à l'intérieur gronde, peut être quelque chose d'aussi banal
qu'une sourde animalité. En tout cas rien de sexuel, ou alors qui ne
pourrait intéresser que les vétérinaires. Mais il n'est pas indifférent
d'être confronté à la bestialité chez l'autre, et par contrecoup chez
soi même. Pourtant quand la pouliche progresse au sol, les gestes
semblent alors plus humains, tels ceux d'une acrobate. Ici d'une
lenteur et d'une application si grossière et obstinée que toute
transcendance est lestée. Les postures s'étirent au delà du convenu. Et
en deviennent originales. On reste comme figé dans l'univers d'un
cirque sinistre- après les chevaux bridés l'écuyère triste-, tout le
clinquant disparu, reste la pénibilité fascinante du geste athlétique.
Le doublage vidéo nous propose une version en gros plan, plus
littérale, assez terreuse de ces exercices. Puis la jument
remontre le bout de ses naseaux. Impressionnant. L'exercice évite le
piège de l'imitation. Il choisit le parti bien plus efficace de
l'évocation: c'est donc d'emblée original et troublant.
Même si la démonstration appuie et dure un peu, même si le sens en reste un peu obscur. S'agit-il d'évoquer la femme sauvage,
à en lire le programme? Pourquoi pas... On nous parle aussi de
l'identité féminine: c'est réducteur sauf à n'en retenir parmi les
mille potentialités que celle d'un anti-fantasme masculin. On nous
parle aussi de sublimation du corps féminin: on la recherche ici en
vain. Ou peut-être portée au second degré par la contrebassiste et la
chanteuse lyrique, cette dernière d'une sophistication précieuse. Il
est donc grand temps de jeter la feuille de salle à la poubelle, alors
que la jument s'humanise ouvertement, en un long frémissement de
plaisir, qui nous semble bien trop élaboré pour être chevalin. Suivi
par des variations chorégraphiques plus familièrement
anthropomorphiques malgré l'usage du harnais, et plus
qu'allusives. Elle rie. Si on se lâche à scénariser, on tend à penser,
à la vue de cette conclusion, que le précédent avatar de cette créature
ne participait après tout que d'un jeu délibéré, et ouvertement
pervers. Qu'il n'existe pas de retour innocent à la nature. Mais toutes
les hypothèses restent ouvertes-tant mieux. Il parait que pour
comprendre cette fascinante performance on peut trouver des pistes dans
l'oeuvre de la photographe Cindy Shermann.
C'était Pouliches ♥♥♥♥, de Manon Oligny(Manon fait de la danse), dansé par Anne-Marie Boisvert, avec Mona Somm au chant et Anne Gouraudà la contrebasse, avec des videos de Thomas Israel, à Point Ephemere .
Guy
P.S. du 27/5: 2 photos, avec l'aimable autorisation de Thomas Israël
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23:05 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
lundi, 14 mai 2007
Moeno Wakamatsu à fleur de peau
Moeno Wakamatsudanse, et cette danse a comme irrésistible effet de faire oublier, pour le temps qu'elle existe, ce qui a précedé, tout ce qui est extérieur à elle. C'est sans appel et sans regrets. Au ralenti une déferlante. Un an. Un an et pour rien? On prend soudain conscience que l'on est revenu pas très loin du point de départ, et assez allégé. Revenu au point d'où on etait parti ou sinon juste quelques centimètres au dessus, aprés un an de regards aléatoires sur à peu pres soixante-dix expériences, pour n'évoquer que celles qui se placent plus ou moins dans le champ de la danse contemporaine. Pour chaque soirée une trace laissée ici, une évocation comme à la lueur d'une lampe de torche, pour voir creuser du regard un peu au delà de la barrière des discours de fumée et des attentes sociales, mais c'est à peine plus, ou même un peu moins chaque fois, qu'une capture d'écran floue, une appropriation arbitraire comme seule alternative à l'oubli radical. Pour un an surtout pas de bilan anniversaire, juste cette évidence qu'on abandonne en passant: c'était un an d'imprévisibilités, une explosion en rafales de formes chaque fois différentes, d'énergies généreuses et de talents obstinés. Merci. Autant pour les déclinologues qui soupirent à chaque saison, pour les entomologistes de tempérament, pour les faiseurs de jugements à l'emporte pièce: le spectacle reste indéfinissable, insaisissable et vivant. Mais ce soir, aprés un an de propositions en tous sens, certaines très scénarisées, d'autres concentrées à percevoir leur propre respiration, collectives ou solitaires, discrètes ou bruyantes, techniques ou basiques, pudiques ou provocatrices, généreuses ou désabusées, enflées ou modestes, bavardes ou elliptiques, naives ou conceptuelles, et certaines qui à forces de surcharges ou de discours nous avaient alors un peu éloigné du corps, on y revient, en plein. On revient à quelque chose de fondamental et inexpliqué. On revient à Moeno. Un an après. Mais qui elle va depuis bien plus loin.
"Obscurité de verre": c'est un bel oxymore. Plus signifiant qu'il y parait d'abord. Plus immédiatement l'épure s'impose à la conscience, dénudée et transparente, plus le mystère persiste, impénétrable plus que jamais. La performance sera intense et dépouillée, et déja littéralement. Cette nudité qui n'est pas sans risques, non pas tant une question de pudeur ou de provocation, mais plus simplement en termes artistiques: accessoires et ornements qui pourraient accrocher le regard, esquisser comme un scénario, et distraire de l'essentiel, sont ici vite abandonnés, comme cette peau déja morte. Une fois tout ce qui est de l'ordre du social extirpé, que reste t il? Une sourde animalité clouée au sol, qui échoue à s'extraire d'un corps contraint, tous membres étirés en tensions contraires? Ou un réceptacle creux de douleur, lentement ouvert à toutes les forces invisibles prêtes à le traverser? Les interprétations s'épuisent contre le temps et s'évanouissent jusqu'au renoncement. Reste le mouvement: la forme, de foetale devient diaphane, dans un effort décharné se renverse d'un coté puis de l'autre, développée à l'extrême du méconnaissable, visage contre le sol, yeux entre-ouverts qui n'appartiennent plus à personne. Les yeux de la danseuse osent enfin se lever en direction du ciel et le corps debout les suivre. Ce n'est pas la conclusion, pourtant, c'est une nouvelle étape, qui perdure, miraculeuse. On a laché prise mais voit-on mieux, notre regard un peu éduqué à force d'expérience? Rien n'est moins sûr. L'émotion est toujours première, irréfléchie, et cette danse porte en elle même sa résolution. Jamais répétée. Plus forte que toutes les tentatives d'accumulation, elle laisse derrière elle une page blanche. On a rien appris, depuis un an sauf que cette danse s'est encore élevée. On venait d'ici. C'est ici où l'on revient, au tout début, quand les lumières s'éteignent, amnésique, l'inquiétude déjà avivée, saisi par le vertige de tous les possibilités.
C'était Fleur de Peau contaminée ♥♥♥♥♥♥ par Moeno Wakamatsu, accompagnée de Claude Parle. 1er épisode du cycle Obscurité de verre en huit parties, tous les mercredis à la fond'action Boris Vian.
Guy
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23:20 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
jeudi, 10 mai 2007
Claudia Triozzi: Vers le haut
On se sent dés après les premières minutes un brin intimidé par le travail de Claudia Triozzi. En lui reconnaissant le mérite de se situer d'emblée loin au delà de la danse. De la danse tel qu'elle est généralement présupposée, telle qu'elle nous est donnée à voir, le plus souvent. Ici pour une fois au moins, parler de recherche n'est pas un vain mot. Comme dans "Plus ou moins l'infini",mais d'une toute autre manière, l'enjeu se détourne du corps et de ses mouvements, prend du recul. Plan large sur la mise en situation croisée des matériaux scéniques et perceptifs: corps et décors, lumières et sons. Jusque là on reste dans les paramètres ordinaires du spectacle, mais la différence est qu'ils sont ici imbriqués à un rare niveau de sophistication. Et sans progression dramatique, qui s'incarnerait en un sujet, qui s'imposerait vraiment. On met un temps à accepter cette règle du jeu.
Mais
que voit on alors? La mise en scène d'états évolutifs et
flous d'un milieu contrasté dont la danseuse, de dos le plus
souvent, n'est que l'une des composantes. Jusqu'à parfois
s'effacer, par effet d'illusion. Durant l'exploration
de ce labyrinthe baroque de musiques, de formes et de
couleurs, la matière visuelle et sonore mise à contribution est
d'une exceptionnelle richesse. Pas de ligne elliptique, mais au
contraire de l'accumulation, du tout-plein, du luxueux au luxuriant. Ce
sont les modifications de l'environnement- de magnifiques toiles
imprimées sur des colonnes qui pivotent, motifs baroques, forêts,
cascades, villes, intérieurs bourgeois- qui commandent
les transformations de la danseuse. Progressant au vertical sur
les degrés du décor, celle-ci abandonne chaque fois sa robe
précédente pour en découvrir une nouvelle, imprimée des mêmes
motifs que le fond. C'est visuellement troublant, même
jusqu'au vertige. Le sonore est au même niveau d'originalité, d'humour
froid et d'exigence. Heurté et atypique. Cerébral à
l'excès? Selon l'adage, quand on met un caméléon sur une
couverture écossaise, il risque d'exploser. Et le
déroulement est d'une lenteur obstinée- ce qui nous rappelle avec
soudain un peu d'hésitation qu'on ira revoir bientôt Maria Donata
D'urso. Mais ce sera une autre soirée, l'enjeu est pour le
moment de trouver assez de relaxation, ou d'exigence, pour mériter
de regarder.
C'était Up to Date ♥♥♥♥ de ..., au Thêatre de la Commune à Aubervilliers, avec les rencontres chorégraphiques internationales du 9-3.
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P.S. du 11 mai: plus efficace que toutes les tentatives d'explication, plus haut une belle photo, avec l'aimable autorisation de Raphael Pierre
P.P.S. du 12 mai : voir plus bas le commentaire de Cyril Seguin qui rectifie et precise le rôle des différents intervenants pour la création des décors. On en profite pour proposer un lien sur l'échange entre Claudia Triozzi et Vincent Dupont à propos d'Up to Date sur le site des laboratoires d'Aubervilliers
PPPS du 13 mai: à la demande des intéréssés, écrivons une fois pour toutes qui fit quoi:
Conception, interprétation, scénographie: Claudia
Triozzi.
Musique: Haco, Michel Guillet (électronique), Claudia
Triozzi (voix et textes)
Costumes: An Breugelmans
Lumières: Yannick Fouassier
Conception technique et construction décor: Christophe
Boisson
Textures du décor composées par Jacques Ninio.
Régie Son: Samuel Pajand
Régie vidéo: Romain Tanguy
Construction: Damien Arrii
P.P.P.P.S du 30 septembre: Claudia Trozzi à Nightshade: c'est ici
19:10 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note
dimanche, 06 mai 2007
Alban Richard: passage au noir
Ils font
leur entrée sur le plateau en courant, cinq ensemble, déjà en état
d'urgence. Est ce pour cela que l'on ressent, spontané, comme une
évidence, le sentiment d'assister à un évènement fort et singulier?
État de chocs. Direct. Sans ménager de montée en puissance. États émotionnels
soulevés par la force de l'évidence et corps déjà projetés au
paroxysme, comme par électrochoc. Notre réflexion vient après, si
elle peut jamais. Mais pour l'instant juste quatre minutes trente, car
alors ils repartent en coulisses, nus encore, toujours au pas de
course. Et, quelques secondes plus tard reviennent: répétition de
la séquence.
Et de nouveau les mêmes, trois femmes et deux hommes, sur les mêmes territoires qu'ils s'échangent sans se rencontrer, par mêmes séquences succédées de mêmes durées: pour chacun courses, stupeurs, bonds, brefs états de beauté-ou d'hébétude?-, courtes langueurs, reptations, évanouissements, brusques retours à la conscience, étirements extrêmes, rebonds nerveux. Furieuses recherches d'état d'équilibre, rompus, ou réactions incontrôlées à d'indicibles émotions. Au pluriel. Cinq trajectoires qui d'évidence souffrent, combattent l'invisible, fragiles et instables, mais de comme molécules qui pourtant s'ignorent, concentrés sur elles-mêmes: c'est un tourbillon d'essayer de les suivre en ensemble. Et surgit l'évidence de ressentir beaucoup de ce que le buto fait naître souvent, ici développé avec de tout autres moyens de danse. Ces poses dans le sensible font basculer la complète nudité du coté de la vulnérabilité et de l'émouvant. Les corps sont "vrais". S'exposent premiers et entiers, sans apprêts ou intentions. Jeunes ou peut-être un peu moins déjà, l'important est que cela n'importe plus vraiment. A chaque variation de la séquence initiale de quatre minute trente, la charge émotionnelle rompt ouvertes toutes voies aux interprétations métaphoriques.
Mais d'une répétition
l'autre, dans les luttes s'épuisent les corps, les lumières se
rassemblent au centre et faiblissent, les mouvements se ralentissent
pour changer de signification, peut être vaincus dés le début. La
musique qui se décharge en flux compacts est trop brouillée pour y
accrocher des repères. Cette répétition ad nauseam signifie-t-elle
enfermement? Une lutte perdue d'avance? Effets de
traumatismes inscrits premiers dans la mémoire immédiate, mais
jamais surmontées par la raison ou la volonté, de
récurrences en récurrences? Séquences après séquences, de départs
en retours, les corps se laissent occulter de pièces de tissu,
comme par l'effet d'une contagion par
le noir. D'abord tuniques courtes et incongrues qui laissent culs nus
ou poitrines découvertes, puis vêtements complets qui étouffent plutôt
que de protéger, ensuite robes comme cléricales aux étoffes qui se
froissent, enfin pour le pire visages masqués. Les lumières
meurent vers le crépusculaire, absorbées par un noir funèbre. Agonies
solitaires qui s'agitent encore, presque aveuglées, engourdies
par la paralysie. Faute- imagine-t-on- qu'il n'y ait jamais eu
rencontres entre eux, qu'ils puissent résister ensemble. Le noir
englue. Survivent les faibles ombres des mouvements du début. Seuls
survivent les souvenirs de leurs gestes qui agitent les robes noires et
raides.
C'était la création d' As far as ♥♥♥♥♥♥ d'Alban Richard-Ensemble Abrupt avec Cyril Accorsi, Mélanie Cholet, Max Fossati, Laurie Giordano, Laëtitia Passard, lumières de Valerie Sigward, musique de Laurent Perrier, à la MC93, avec les Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine Saint Denis.
Guy
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Photos au coeur du spectacle avec l'aimable autorisation de Vincent Jeannot- Photodance.fr
16:10 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
vendredi, 04 mai 2007
Unger & Ferron: Poupées plastiques
Les poupées, au masculin ou féminin, se font ces temps ci très présentes sur les scènes contemporaines, depuis Brigittte Seth et Roser Montlo Guberna en passant par Christina Ubl, jusqu'à cette piece de Frédérike Unger & Jérome Ferron. Moqueuses
allégories de la condition de l'artiste? Mais pour autant, doit se
montrer assez patient pour regarder une danseuse aligner
méthodiquement, une par une, soixante-deux poupées barbies nues
sur le plateau, tandis que sa partenaire tente de venir à bout
de son solo dans un espace du coup réduit à sa portion congrue?
Sûrement, car cet envahissement de l'espace par la blonditude en série détermine toute la suite des évènements. Qui s'imposent aux deux plus grandes poupées vivantes, livrées sans aucun accessoires elles non plus. Enfin plus exactement habillées de fausses fleurs pour une entrée printanière, puis vite simples Venus pour arpenter la scène, impavides et sur pointes imaginaires: c'est une littérale exposition de la beauté plastiquedu titre. Puis, se rhabillant- première rupture- à dessein très pauvrement: couleurs de mauvais gout et survet' déchiré aux fesses-pour le solo de l'une, en progression enchainée par basculements au sol, gestes exagérés de poupée et sourire figé. Mais plus forte que la laideur vestimentaire s'impose alors justement la beauté du geste. C.Q.F.D.? De même pour le solo de l'autre, d'un classique élégant et glacé, modêle de beauté formelle, calibré tout prés de l'irréprochable et pas loin du parodique.
Incongru en regard entre ces deux soliun déshabillage
encore, arrêt sur image pour une nouvelle exposition
complaisante, noir, lumière et toutes deux encore immobiles en nudité,
avant échange des mêmes fringues au rabais. Après ces danses le
x-ième et dernier passage par la nudité préludera à
son inéductable décadence en une version grinçante:
sous-vêtements couleur chair qui dessinent une grossière
caractérisation sexuelle, quasi-industrialisée, masques maquillés
de cils et rouge à lèvres d'un vulgaire obscène. La
dépersonnalisation, en une féminité réduite à son plus triste
stéréotype: c'est le prix à payer pour s'intégrer incognito chez les
poupées barbies. Leur transformation ainsi parfaite en femmes-objets,
les deux progressent entre petites poupées
sans renverser celles-ci, de gestes stéréotypés en poses
imposées d'un triste imaginaire de séduction. On échappe pas aux
poupées de plastique, qui à la fin dansent en images
grotesques et saccadées jusque sur le fond d'écran. Les
vraies danseuses n'ont alors plus qu'à ramper, avec une maladresse qui
les rendraient presque à nouveau humaines, dans l'espace que les
lumières transforme en milieu onirique et cauchemardesque. Bilan:
seulement 6 ou 7 barbies renversées.
Sur
le thème de la dictature qu'exercent les images de la beauté-
sur celles qui tendent à s'y conformer tant que pour ceux qui
les regardent faire et s'aliéner- la démonstration est brillante.
Elle s'appuie sur la mise en oeuvre d'une séduction
irrésistible au premier degré, pourtant ambigue dés la première
seconde, pour amener à une prise de distance lors
de l'apothéose en douche froide. Pas d'une originalité
renversante, mais efficace, affûté, cohérent, et portée par ce
scénario fort la danse au sens strict est loin
d'être anecdotique. Pour terminer, le rapport conceptuel
avec "Le sacre du printemps"de Stravinsky -version un peu
psychédélique et arrondie d'échos- semble ténu (qui peut nous
rappelle de quoi parlait le livret?). Mais cela fonctionne, étrangement.
Sur le papier au moins c'était une bonne idée d'enchainer avec ensuite avec "Ta femme en kit" de la compagnie bobainko, car la thématique à priori voisine: les stéréotypes de la femme idéale. Mais on fut moins convaincu. L'exploration méthodique de divers modes de la culture musicale populaire: chanson sentimentale, valse violoneuse, comédie musicale bas de gamme, punk, rap, etc... nous semblait un peu gratuite et surtout dispersée, malgré de beaux effets de robes à paniers. Et on y a entendu une adaptation en française de "Tell it like it is". Sacrilège. Disqualification. Seul Aaron Neville a le droit de chanter "Tell it like it is".
C'était Show case #"1 - Beauté plastique ♥♥♥♥♥de Fredérike Unger et Jérome Ferron, avec Frederike Unger et Emily Mézière-Compagnie Etant Donné à l'Etoile du Nord. Suivi de "Ta femme en kit" de Domitille Blanc, Aurélie Burgeot, Vanessa Morisson et Marie Rual. Jusqu'à samedi encore.
Guy
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01:05 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note
lundi, 23 avril 2007
Thierry Baë danse pour de vrai
N'est ce pas trop audacieux, d'ouvrir d'emblée cette performance en annonçant l'absence de Thierry Baë
qui serait resté en rade en Chine, remplacé sur scène par un
amateur? Attaque quasi-suicidaire, qui pose sans préambule la
question même de la possibilité du spectacle. Puisqu'on
reste là à regarder, le spectacle est quand même, mais l'on plonge
droit au coeur du sujet: la perte, l'incertitude, la disparition,
le doute, l'inquiétude.
Mais est ce pour de vrai audacieux? Car on connaît bien ce vieux truc de bateleur: un candide mais comparse qui soit disant remplace la vedette au pied levé, histoire de rafraîchir d'authenticité le spectacle, signifier que tout est vrai à nouveau, que tout peut arriver, et que l'artiste tout à l'heure pourra tomber pour de bon, de trés haut, sans filet. L'amateur de ce soir - Denis Robert, le journaliste de Clearstream- dés le début comme par hasard tombe en dansant. Mais prend bientôt soin de préciser que cette chute était intentionnelle, d'avance répétée. Connivence forcée, les pistes sont brouillées. On ne pourra prétendre qu'on était dupe. Pourtant... Plus tard Denis Robert de raconter que Thierry Bae et lui même, plongés en plein doute créatif, croisent sur une place un S.D.F.. Aprés s'être soulagé, le S.D.F. tombe d'un coup en arrière sur le pavé. "Tu vois: ça c'est de la danse contemporaine" s'exclame le chorégraphe. De l'art à l'état brut? En tout cas un point de départ qui s'ancre dans le réel (ou le vraisemblable?), histoire de vaincre l'angoisse de la page blanche. Et de fait, entre le pas-grand-chose et le presque-rien, quelque chose dans le spectacle finit par exister. Denis Robert, toujours de corvée, sur scène dans le rôle du S.D.F., tombera pour vraiment pour de faux. Fausse chute, et vrais faux documentaires filmés pour évoquer la genèse du projet. Des rencontres cocasses et en impasses avec Mathilde Monnier, La Ribot, etc... qui glissent habilement du vraisemblable au franchement abracadabrant. C'est que, comme dans un documentaire d'Orson Welles, le factice s'insinue et déborde pour mieux mettre à jour une vérité signifiante, l'autofiction a fini par contaminer la danse.
Denis Robert fait fonction de doublure et commentateur à la fois, relâché à un ton second degré pas toujours de la plus grand finesse, un ton tel que peut s'autoriser un ami d'enfance du danseur (D'ailleurs, sont ils vraiment amis d'enfance, où est-ce une mystification supplémentaire?). Un biais peut-être, pour traiter de manière supportable, sans affect qui viennent nous prendre en otage, les thèmes graves qui affleurent sous le comique de situation: la maladie grave qui menace la pratique artistique et physique, voire la vie même du danseur, son arrivée à l'âge de la maturité à l'âge du jeunisme, et, tout court, la difficulté d'encore créer. De fait, à chaque rencontre filmée que fait le personnage de Thierry Baë, c'est son identité d'artiste qui est remise en question, voir niée, avec toute la gentillesse du monde. Sous le regard amical ou professionnel de l'autre, trop vieux, trop malade, trop faible, trop incertain surtout. Il faut donc bien partir à neuf pour revivre. Loin. Pour y trouver quelque chose à chercher? Très loin. Jusqu'à Taiwan par exemple.
Le danseur escamoté, que devient la danse? La danse, raréfiée, en devient très précieuse, vraie surtout. Elle survit malgré tout, ombre d'elle même, fragile, remise en doute, fatiguée, hésitante, mais vraie, par sa volonté de vivre, malgré tout. Et...surprise!
C'était Thierry Baë a disparu ♥♥♥♥, de Thierry Baë, au Centre National de la Danse, avec le festival 100 Dessus Dessous
Guy
P.S. Le Tadorne n'avait pas été convaincu par ce tour de passe-passe, c'est à relire ici
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P.S. du samedi 28: Thierry Bae présente actuellement son journal d'inquiètude au Théatre de la Bastille, et a droit à une pleine page de l'Express cette semaine.
22:35 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
samedi, 21 avril 2007
Mette Ingvartsen: à moitié?
Festivaliers d'un soir, on grimpe en bobo-bus pour une balade le long du canal dans le Parc de la Villette: un transport aux parfums d'excursion du dimanche, passage bon marché dans une autre dimension. Aprés Anne Juren, Mette Ingvartsen nous attend à la Halle aux Grains, de dos et de pied ferme.
Action:
sur la sono solo à l'enclume du batteur de Deep
Purple: c'est à l'état natif assez caricatural pour n'être
écouté qu'au second degré. Bande son idéale pour que Mette Ingvartsen
nous prouve qu'elle a assimilé à 100 % les
glorieux idiomes du rock viril. Contre emploi aussi
convaincant que Kataline Patkai en Jim Morrison. Transposition efficace, traduction dynamique par mouvements
du fessier, qui secouent nos repères visuels, gestuelle
radicalement réinventée-car on a jamais vu un chanteur de hard
rock en femme nue avec une perruque orange et des baskets. Nue certes,
mais l'androgénéité s'est installée par le geste. La
feminité sacrifiée sans états d'âmes pour les besoins
de l'exercice, très loin l'érotisme, le résultat y gagne
deliceusement en humour décalé. un peu trop? La suite, coté
cirque et opéra, dérape un peu dans un grotesque assumé, beaucoup
d'idées mais des changements de tons et de thèmes sur un mode trop bon
enfant. Comme elle est drôle et douée, on est complice, mais du même
coup trop proche, et qu'à 50 % convaincu. La perruque tombe et le
mystère un peu aussi. Logique impitoyable de l'effeuillage? Trop
décousu, succombé à la tentation de trop en faire, à l'instar du
dernier opus- To Come-de la belle? On avait préféré de très loin le Manual Focusque
la jeune chorégraphe danoise exécuta ici même, cette pièce
d'alors à 100 % homogène, cohérente, étrange, virtuose,
manipulatrice, intrigante.
C'était 50/50 ♥♥♥ de Mette Ingvartsen à la Halle aux Grains du Parc de la Villette, avec le festival 100 dessus dessous, hier et aujourd'hui encore à l'instant même. Pour ceux qui en ce moment n'y sont pas, un extrait du meilleurs ici.
Guy
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20:25 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note
50 fois Anne Juren
Code Series
est un solo dans lequel une phrase de danse de 30 secondes est répétée
50 fois de différentes façons. La pièce met en scène ses variations. La
chorégraphie initiale n’est jamais montrée et jamais un paramètre n’est
répété deux fois. Code Series est un solo dans lequel une phrase de
danse de 30 secondes est répétée 50 fois de différentes façons. La
pièce met en scène ses variations. La chorégraphie initiale n’est
jamais montrée et jamais un paramètre n’est répété deux fois. Code Series est
un solo dans lequel une phrase de danse de 30 secondes est répétée 50
fois de différentes façons. La pièce met en scène ses variations. La
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un solo dans lequel une phrase de danse de 30 secondes est répétée 50
fois de différentes façons. La pièce met en scène ses variations. La
chorégraphie initiale n’est jamais montrée et jamais un paramètre n’est
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chorégraphie initiale n’est jamais montrée et jamais un paramètre n’est
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un solo dans lequel une phrase de danse de 30 secondes est répétée 50
fois de différentes façons. La pièce met en scène ses variations. La
chorégraphie initiale n’est jamais montrée et jamais un paramètre n’est
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est un solo dans lequel une phrase de danse de 30 secondes est répétée
50 fois de différentes façons. La pièce met en scène ses variations. La
chorégraphie initiale n’est jamais montrée et jamais un paramètre n’est
répété deux fois. Code Series est
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chorégraphie initiale n’est jamais montrée et jamais un paramètre n’est
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lequel une phrase de danse de 30 secondes est répétée 50 fois de
différentes façons. La pièce met en scène ses variations. La
chorégraphie initiale n’est jamais montrée et jamais un paramètre n’est
répété deux fois. Code Series est
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chorégraphie initiale n’est jamais montrée et jamais un paramètre n’est
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un solo dans lequel une phrase de danse de 30 secondes est répétée 50
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chorégraphie initiale n’est jamais montrée et jamais un paramètre n’est
répété deux fois. Code Series est
un solo dans lequel une phrase de danse de 30 secondes est répétée 50
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chorégraphie initiale n’est jamais montrée et jamais un paramètre n’est
répété deux fois. Code Series est
un solo dans lequel une phrase de danse de 30 secondes est répétée 50
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répété deux fois.
C'était Code series d' Anne Juren à la Halle aux cuirs avec 100 dessus dessous.
11:40 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note
jeudi, 19 avril 2007
il faut briller pour briller
Il faut avoir les nerfs solides pour ne pas sauter en l'air, quand Ann liz Santorow, assise à coté de nous dans le public, joint sa voix à celle Emily Logan Wexler pour pleurer du folk (Neil Young ?) à plein poumons. Il faut être être fort pour ne pas rejoindre illico le camp de l'anti-américanisme primaire. Il faut être plus qu'open pour s'intéresser à Emily Logan Wexler quand elle pogote entre deux complaintes, agite les cheveux, tremble et s'effondre avec profondeur. Il faut considérer que cela ne dure que huit minutes, et a été crée en un juste un mois, exprès pour l'occasion. Il faut être indulgent pour ne pas trouver celà aussi vain que quand les deux mêmes accompagnent Ann Liv Young, et encore le pittoresque des accessoires en moins.
Il faut se résigner quand après s'installent sur deux chaises un monsieur et une dame, l'air faussement sérieux. Ils lisent des textes auxquels on n'arrive pas à s'intéresser, des textes un peu comme ça. Parce-que ces texes ne parlent de rien. It doesn't make any sense. Ni en français, ni en anglais. Just Boring. Dans les deux langues c'est ennuyeux. Surtout avec les répétitions, dans les deux langues. Still boring. in both languages. Même quand la dame déroule sur tout l'espace le fil d'une bobine. Comme le nom du lieu. C'est drôle parceque le nom du lieu est Naxos Bobine. It's funny. Mais on ne rit pas. Car ce n'est pas drôle. We don't laugh. 'cause it's not funny. Parcequ'on s'ennuie. A ecouter le monsieur lire en anglais ses petites feuilles et les jeter par terre aprés. Et la dame dire la même chose en français. She speaks in french. On s'ennuie et on regarde s'il lui reste encore des feuilles dans la main. One more sheet. Parce quand il n'y en aura plus ce sera peut-être fini. It would be the end. Enfin. Finally. On s'ennuie encore quand le monsieur lit la dernière feuille. Il la jette. C'est fini. Curtain. Rideau. C'est l'entracte.
On s'enfuit. Sans revenir voir Diane Scott aprés. Qu'on ne connaît pas. Mais on s'est trop ennuyé pour risquer même juste encore un peu. Bye.
C'étaient The Living Area d'Emily Logan Wexler et Listen to me d'Emma Morin à Naxos Bobine dans le cadre du festival "Il faut bruler pour briller"
Guy
19:05 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note
vendredi, 13 avril 2007
Yumi Fujitani: Kao V2.2
"Ce n'était même pas du buto", protestait à la sortie une dame, d'ailleurs d'un certain âge. "Sur l'affiche vous avez écrit BUTO, mais ça n'était pas du tout du buto". Quand même une révélation: il existe donc un public de buto, un vrai public d'habitués, un public assez intransigeant pour s'indigner si on ne lui donne pas son content de peinture blanche, de reptation, de danse lente, douloureuse et près du sol, d'équilibre sur le coccyx et le bas des reins, de corps japonais, et d'animisme trés stylisé.
Mais Yumi Fujitani
d'évidence se soucie peu de défendre quelque territoire que ce
soit. Elle a bien raison. Et tente plutôt d'en explorer de
nouveaux. Le territoire visité ce soir est brillamment destructuré
par un rideau d'image video et des nappes de musique.
Champs de ruines colorées. Y errent trois hagardes, desocialisées,
infantiles, capuches sur les yeux et bouches bées. Une image de
l'enfer, se risque ma voisine, néophyte mais qui va à
l'essentiel. Il est en tout cas ici question de perte d'identité,
de folie, de mort et de renaissance. Perte des repères sociaux.
Vulnérabilité d'êtres qui se découvrent et se reconstruisent, sans
protection, à vue. Des préoccupations au coeur des danses buto, mais
ici développées avec d'autres moyens aussi: mime, théâtre de geste.
Avec plus de sophistication et d'humour à froid dans l'usage des
symboles, et l'évocation de la sexualité. Avec puissance et étrangeté.
Avec un même sens de la profondeur et de l'étirement du temps, ce à
quoi en danse on est habitué, mais qui sur un mode neo théâtral
déconcerte. Et sur trois interprètes, deux sont plutôt
comédiennes, seule la troisième-Celine Angèle- danseuse mais qui
ici ne danse qu'en creux, très épisodiquement, intense mais
contenue. Tout cela aurait il surpris autant, dansé? En fond de scène
un tas de chiffon: Yumi Fujitani à y regarder de plus prêt. Qui
s'animera peu à peu mais toujours en retrait de l'action. Pour
s'extirper très lentement des chiffons. Pas assez lentement
pour rassurer la gardienne de l'orthodoxie dont on parlait au tout
début? Nos 3 invités en tous cas, semblaient plutôt heureux d'être
étonnés.
En tout cas, c'était Kao (Visage)- Kagami (Miroir) ♥♥♥♥♥ m.e.s par Yumi Fujitani et Mido Omura, d'aprés Kao-Chaos crée par Yumi Fujitani, et vu l'an dernier, avec Elise Henault, Céline Angèle, Sibylle Jounot et Yumi Fujitani, video de Wilfried Wending et musique d'Andrée Serre-Milan. au Proscenium.
Kaocontinue jusqu'à samedi, et revient dés lundi la semaine prochaine encore recré, avec cette fois Gyohei Zaitzu, Maki Watanabe, Bino Sauitzvy, et Claude Parleà l'accordéon.
Guy
Exprimez vous: vous pouvez laisser un commentaire... et/ou voter ici!
P.S. du 21 avril: on se sent moins seul, JD est venu interroger Kao des yeux. A lire sur Images de Danse toutes affaires cessantes.
17:10 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note
vendredi, 30 mars 2007
Le retour du fils de version clip 3
Version Clip Episode 3: on continue
Patricia Novoanous emmène dans les amériques latines, mais par des chemins où l'on s'égare un peu. On la retrouve heureusement en pleine Tempête, pour un grand moment de transe, au coeur de la forêt. Rouge est la couleur pour Céline Angèle, dans le Coeur d'une Rose,
le rouge d'une tension d'abord intensément contenue, jusqu'à une
explosion maîtrisée et saisissante. Juste dommage que la
parole casse un peu l'effet. Marlène Myrtil fait avec Assentimentla belle demonstration qu'on peut danser tout en restant perchée sur un tabouret. Et même s'en envoler.
Maiko Shirakawa, avec Omokage, joue
avec nos nerfs au rythme lent et obsédant d'un
métronome. Et contre toute attente finit par gagner. On perd
un peu Shririn Laghai en route. Chie Okamoto -be here now-
nous inflige quant à elle le supplice de la goutte d'eau.
Mais pour soudain se transformer en créature
rock, fardée et dénudée, et use d'arguments tout à fait déloyaux. Le solo de Gohei Zaitsu, revu à une semaine d'intervalle, ne perd rien de son impact. Laurence Pages danse
à nouveau elle aussi... mais la salle de ce mardi ci, plus
enjouée que celle du mardi précédent, réagit au comique des
onomatopées que son souffle produit: l'ambiance de la pièce
s'en retrouve changé. La Cie Pêchemoderecycle avec un humour distancié le vieux thème du strip tease à épisodes, inachevé comme il se doit.
C'était Version Clip #3, après Version Clip #1 et version Clip #2 dans le cadre du festival Dance Box 07, à l'Espace Culturel Bertin Poirée.
Guy
photo de Celine Angèle par Bruno Salvador et une photo anonyme de Laurence Pages, trouvée sur le site de Mains d'Oeuvres où elle danse fin avril
21:00 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
lundi, 26 mars 2007
Sosana Marcelino: So, simplement
Sosano Marcelino est de ces danseuses qui plus que de danser racontent une histoire. Ce qui est utilisé des moyens de la
danse devient dès lors de moindre importance. Le récit se crée par
la voix aussi: les mots qui fusent en une langue étrangère
deviennent chant; et le récit se dit par le corps évidemment,
outil et objet à la fois de l'histoire.
De cette histoire d'une naissance à la danse, on avait juste vu quelques épisodes, il y a deux mois. Agrandi du format de brève performance à celui de pièce pleinement développée sur une scène, So
garde toute sa force et sa présence. Mais pour gagner en
profondeur. Surtout ose l'inquiétude et les blancs, les silences. Par
le dépouillement d'un personnage qui seul grandit et crée sa
propre musique, le reste est un monde par voix, gestes,
regards évoqué. Restitution de toute la belle naïveté de
l'enfance, troublantes transparences de tulle, puis doutes, conflits et
mise à nu et la douleur alors vient du ventre. Enfin- belle robe-
peut-être un apaisement et la réconciliation par le chant avec les
origines? Cette aventure, sur le mode de l'exposition la plus
impudique qui soit, celle des sentiments, garde ses zones
d'ombre. Pas de sous-titres, d'ambiguités-quel enfant porte-t-on?-, tant mieux.
C'est So, de Sosana Marcelino ♥♥♥♥♥, et jusqu'à samedi encore, à l'Espace Kiron.
Guy
P.S. du 27/03: mais pour ceux qui veulent comprendre le sens de l'histoire, Philippe Verrièle la sous-titre du portugais au français dans le "20 minutes" d'aujourd'hui.
PPS du 6/04: Deux belles photos avec l'aimable autorisation de Vincent Jeannot
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23:35 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
jeudi, 22 mars 2007
Clip V.2
Bertin Poirée, retournons y et regardons y huit autres, degustation de pièces en dix minutes chacune:
Kiyoko Kashiwagi & anime dance theater nous jouent Romeo the thief and Juliet the guard,
ce n'est pas du Shakespeare, c'est beaucoup mieux: on vole la joconde
dans un ballet à la Tex Avery ninja, mais l'amour finit par triompher,
c'est hilarant.
Difficille pour la compagnie Bon Bon/ Hanako et Yuka, avec Là ou je suis, de déja exister juste aprés ça, trop délicat, trop modeste?
Laurence Pages nous propose un travail troublant sur le souffle; A un fil, d'une voix commande la danse, mais peut-être au risque de dérégler le corps lui même, d'une manière aussi inquiétante que Louise Bédard il y a peu à suivre en intégrale à mains d'oeuvre dans pas longtemps.
On était un peu passé à coté de Gyohei Zaitsu l'an dernier, mais on est saisi ce soir par la force de ce que le danseur de cette Vie En Rose dégage, sur un mode trés lent et intense, en quelques gestes blancs, sous la neutralité d'un maquillage buto et l'humanité d'un costume grotesque: quelque chose de quasi miraculeux.
Soyons honnête, sur huit performances, il y a en toujours l'une où l'attention se dissipe un peu. cela tombe ce soir sur Marlène Myrtil (Assentiment 1 chaine correspondance....) ce qui est surement injuste: à defaut d'avoir vraiment suivi, on peut témoigner que c'est trés riche, fort et maitrisé.
D'un mardi l'autre, l' Aprés tout... de Motoko Yoda, dont l'exposé n'a pourtant surement pas varié d'un iota, nous semble plus construit, aussi intéressant, plus affirmé.
En lieu et place d'une annoncée absente, Gyohei Zaitsu nous fait un retour surprise, bonne surprise, et même meilleure que celà: ce qu'il fait sous le même masque blanc n'a rien de commun avec ce qu'il nous a montré tout à l'heure, plus baroque, et imprévisible completement. Plus on voit ce garçon, plus il surprend.
Conclusion par la cie Jocelyne Danchick avec Breath cycle: une femme vétue d'un antique corset orthopédique, d'emblée une image forte, mais trop sans doute, à un tel point que l'on a du mal à dépasser l'impression initiale pour s'intéresser à la danse, suspendu entre la violence de ce concept visuel et la perception du mouvement.
Tout le monde aura compris que ce soir à Bertin Poirée il n'y avait pas que du buto, ce qui n'avait pas d'importance.C'était le deuxieme épisode de Version clip dans le cadre du festival Dance Box 07 dans un centre Bertin Poirée si plein qu'on ne pouvait plus y glisser même la plus fine des danseuses. La trilogie s'acheve mardi prochain.
Savigny
Faut il noter le spectacle vivant?... s'interroge-t-on sur Scènes 2.0... En tous cas ce soir à Bertin Poirée on était invité à voter pour ses deux compagnies préférées.
Et qui donc avait été élue l'an dernier? Maki Watanabe, evidemment!
P.S.: Gyohei Zaitsu a aimablement répondu à notre demande en nous envoyant cette photo plus haut. Pas de la Vie en Rose hélas, avis aux photographes: il faut immortaliser Gyohei avec son noeud rose bobon dans les cheveux! Au Proscenium les 3 et 4 avril, peut être?
01:00 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
dimanche, 18 mars 2007
Les Gens d'Uterpan: nudité manifeste
Sans le mouvement la nudité n’est rien. Dénuée de valeur, de signification. Mais dansée, la nudité peut devenir beaucoup plus intéressante. Elle prend sens. En faire la démonstration était sûrement superflu: merci aux Gens d’Uterpan de s’y être attaqué.
Arrivent sur scène dix jeunes gens des deux sexes.
Nus. Ce qui en soi vaut quelques instants d’intense intérêt. Ces corps se portent élégants, et presque discrets. Plus sexy que sexuels. Avec des proportions prudentes, qui restent dans les normes d'une beauté rassurante. Beaux, sans aucun excès qui ne puisse provoquer ni étonner vraiment. L'attitude des danseurs, dégagée, indifférente, contribue à cette impression.
Une marche commence, sur la stricte ligne diagonale de la scène, autour de laquelle se sont répartis, empressés et debouts, les spectateurs, expulsés des gradins. Parvenu au bout de la ligne, le groupe fait volte face pour effectuer le parcours inverse. Et arrivés à l’autre extrémité de la diagonale, ils se retournent à nouveau. Et ainsi de suite. Ils défilent ensemble, d’un pas rapide, sur cet axe invisible, dans les deux sens. Jusque là c’est neutre, plat, évidemment sans intérêt. La nudité, déshabillée de toute mise en scène, fait long feu. Desérotisée. Pétard mouillé? On craint d'assister à une vaine performance de plus, aux vagues intentions. Coté assistance: intérêt indéniable, mais peut-être un amusement déja blasé. Chair trop vite donnée en pâture? Offerte pour rien?
Mais peu à peu, pas après pas, le phénomène devient autre. Le groupe ne change rien à la vitesse de sa marche, ce sont des mouvements à l’intérieur du groupe qui émergent: ondulations, déhanchements, flexions, tournoiements. D’abord marginalement. Mais à un moment indéterminé, la danse s'est installée pour de bon. Dans cette déambulation d’ensemble qui se poursuit, vive et sans pause. Toujours la même trajectoire collective, mais désormais sous-composée des brèves figures des dix danseurs et danseuses nus, multitude de mouvements qui bientôt se parlent entre eux. La musique est basique, une seule phrase courte, qui se répète, dont seul l’arrangement change.
Des spectateurs s’enhardissent pour investir, debout encore, serrés, les derniers espaces libres sur le coté mur de la scène. Encerclement. Les gestes des danseurs prennent plus de dimension, d’ampleur, de signification, jusqu’à ce que le point de sensualité soit franchi franchement. Jamais celui de la vulgarité cependant, malgré toutes les postures qui pourraient la faire naître. Est-ce une question de graduation? Ou de naturel? On observe et on retrouve des réminiscences du X-event 1, vu il y a déjà un an ou deux, qui attaquait la même thématique par la face spectacle. Pièce plus explicite sexuellement de par les gestes pratiqués, et en contrepartie plus habillée, plus proche par sa construction et sa scénographie d’une pièce de danse. De même ici les gestes s'adressent à l'autre, les regards chavirent, les hanches se balancent, les corps se détendent et se cambrent plus nettement, on se frôle, puis on se touche brièvement, on se regarde langoureusement. Tout cela sans jamais arrêter de marcher ensemble. Les danseurs miment le désir, l’extase n’est pas loin.
L'extase vient. Sans qu'il n'y ait eu, physiquement, de rencontres. Plaisirs complices mais solitaires? Solidaires? Ou une rencontre a t elle été suggérée sans être représentée? Climax évident quoiqu'il en soit, mais sans ostentation. Suspens. Le groupe se referme sur lui-même, en cercle. Se protégeant. Complicité, respirations, murmures. Les danseurs, toujours nus, vont se perdre ensemble quelques minutes dans le couloir devant la salle. Puis ils reviennent sur scène et recommencent. Sur la même diagonale. D’abord lentement et tout droit. Mais, encore tièdes, déjà plusieurs degrés à dessus du premier point initial. Et on devine qu'inévitablement ils vont monter en puissance. Condamnés- pour notre trouble ou notre distraction?- à la répétition, à un éternel cycle de montée de l’excitation, puis d’extase? Le public de plus en plus est assis, déborde un peu sur la frontière du tapis blanc, plus prêt de la trajectoire du groupe. Arrivés à l’extrémité de leur course, les danseurs empiètent sur la place des spectateurs assis là, mais qui restent comme invisibles pour eux, dansent nus autour, au dessus d’eux. Interpénétration des espaces intimes de jeu et d’observation. Coté des observateurs, légers réflexes de recul et de protection.
La musique se répète, entêtante. Toujours le même thème. Tous les spectateurs sont assis sur les bords de la scène maintenant. Publics très mélangés, jeunes, vieux, hommes, femmes, groupes, couples, solitaires. Certains chuchotent entre eux, comme pour bien maîtriser la situation, en regardant les danseurs. Qui entament leur quatrième ou cinquième cycle. Chaque cycle quelques degrés au dessus du précédent, au moins que cela soit notre perception qui change. Il fait chaud. Deux spectatrices- pourtant à l’air très sage- se retrouvent mystérieusement en sous-vêtements. José Alfarroba et l’équipe d’Arthanthé, eux tous décemment habillés, distribuent des coussins. Les danseurs marchent ensemble, toujours enfermés dans l’exécution du même scénario. La répétition de messages corporels de séduction qu’ils s’adressent les uns aux autres dans d’infinies combinaisons. Filles vers les garçons, ou filles et filles, ou garçons entre eux. Tous à égalité. Jamais aucune manifestation d'agressivité sexuelle. Quelques secondes à peine à chaque fois tendues vers un partenaire, avant que le mouvement lascif sans jamais s’interrompre, ne se reporte vers le suivant. Un spectateur aux cheveux longs, qui semble bien parti, danse dans son coin comme à Woodstock, yeux fermés, avec de grands gestes. Les mêmes gestes que les artistes, mais en beaucoup moins bien.
On distribue du punch. Dés la première gorgée, la température semble monter un peu. Mouvement perpétuel. Les danseurs ont atteint la phase de paroxysme d’un nouveau cycle, et il semble que cette fois les bras se balancent plus haut, que les fesses partent en arrière, et les hanches en avant d’une manière encore plus franche. Sans qu’ils ne s'ouvrent à l'impudicité, bizarrement. Ils semblent s'abandonner par instant au jeu de cette transe, jusqu'à presque tomber, comme par micro pertes de conscience. Entre eux toujours des expressions gourmandes, désirante. Érotisme utopique, révé. Quelques discussions à mi-voix dans l’assistance. Des spectateurs partent au bar et reviennent. D'autres ne reviendront pas. On regarde, et bien qu’aucun indice ne nous ait été donné permettant de situer cette danse dans un contexte ou un autre, on pense à un défilé dionysiaque. Une bacchanale, une saturnale. Un sabbat de sorciers peut-être? Non c'est une fausse piste: ici nulle culpabilité apparente, ni jouissance de la transgression. Une expression du plaisir, simplement.
Encore du punch. A un moment ou un autre, les deux filles contre le mur ont décidé de se passer de soutiens-gorge. Elles discutent, l’air de rien, avec leurs voisins. Mais ne dansent pas. Sont très réelles. Gardent leurs lunettes. Tout le monde les a remarquées, mais fait semblant- juste un sourire ou deux-, les regards évitent pudiquement leurs poitrines pour se reporter sans embarras aucun sur les seins des danseuses sur scène. Qui continuent à marcher sur l’invariable diagonale et tournoient toujours plus intensément. Leurs corps, après bientôt deux heures d’effort, ont pris la rougeur et le rendu émouvant que généralement l’amour laisse. Oubliée la froide neutralité du début. Les yeux sont mouillés. Les détails se font précis par instant, au grain de peau près, mais c’est toujours le mouvement général qui finalement s’impose à la perception. Mais aussi verges et bourses qui se balancent. Et gros plan, l’instant d’un généreux renversement, sur une vulve, presque un blason de l'innocence. Répétition. Surchauffe. Aux limites supérieures du crescendo. Pas difficile de comprendre que la montée de la fatigue- jusqu’à l’épuisement ?- participe de la stratégie du spectacle. De part et d'autre. Trois heures de performance, selon le programme. Vont-ils répéter les mêmes cycles jusqu’à la fin? Mais peut il y avoir une fin? On aimerait qu’ils s’arrêtent parfois à mi-course avant de reprendre. Ou juste ralentissent, un instant. On réalise que tous les regards, tous les gestes des performeurs se sont échangés à l’intérieur du groupe, jamais vers l’assistance, toujours tenue à l'extérieur, ignorée, même quand les danseurs viennent à sa rencontre, au centimètre près. Est-ce dans les intentions des chorégraphes d’inviter l’assistance à prendre congé, mais comme clandestinement- sur une situation inachevée? Un jeu d’usure? L’assistance s’est en fait clairsemée de moitié, ceux qui restent sont plutôt affalés. Fulgurante beauté d’un corps en torsion, appréhendé dans son ensemble, avant qu’il ne se redresse. Raidissement, détente.
Légère ivresse. On regarde un peu les deux filles toujours en petite culotte, qui elles-mêmes regardent les danseuses et danseurs nus: laquelle des deux nudités banalise l'autre? En tous cas les danseurs ne se regardent qu'entre eux. Mais on croit reconnaître dans le public une danseuse de buto, qui commente, technique et amusée, les figures avec de grands gestes de la main. On devine qu'elle perçoit des choses que l'on ne pourrait voir nous même. Mais qui nous regarde? Restons habillé! Nouvelle tournée de punch- d'une nouvelle couleur?- et amuse-gueules. Olives vertes. On est fatigué, les corps se brouillent un peu. Mystère de l'être et de l'essence, dont la mise à nu ne dévoile rien, mystères au delà de la peau. Détails. Mouvements. On essaye de compter les danseurs et les danseuses. Pas moyen. ils bougent tout le temps. On essaie en triant par sexe. Cela fonctionne mieux. Répétition. Chaleur. On est bien. Juste incrédule par moments. Les Gens d’Uterpan marchent toujours, semblent chacun fragiles et invulnérables ensemble, épuisés mais infatigables. Ailleurs, complètement. Comme vraiment possédés.
Un spectateur se lève pour se camper au centre de la scène, et se laisse traverser par cette nuée de nudités l’air béat et la tête légèrement inclinée en arrière. Comme dans un bain de vapeurs sensuelles. Avant qu'on ne le ramène gentiment se rasseoir. Cette danse fait elle perdre la raison? Les danseurs autour de lui n’ont même pas ralenti. Intangibles. Des anges de rêves et de chairs. Toujours assises, un poil crispées, les deux spectatrices enlèvent le bas… Il est temps de rentrer.
C’était X-Event 2.1 , des Gens d'Uterpan(Annie Vigier-Franck Apertet) au Vanves Théâtre, toujours avec Artdanthé.
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samedi, 10 mars 2007
Les Printemps de Léveillé
Extraites du répertoire de Daniel Léveillé, deux pièces jetaient hier soir un regard 20 ans en arrière. Mais deux pièces, qui, de notre point de vue qui n'est pas celui de l'historien, résonnent- comme Herses- plus actuelles que bien des nouveautés. Sauf à considérer qu'il faille du texte ou de la vidéo pour être moderne.
Or pas même de musique au début du premier solo, Traces N°2. Une lumière simple et une femme- Louise Bédard- un vrai personnage bientôt. Embarrassée d'habits trop grands. Dans ce silence qui de plus en plus pèse, l'interprète exécute brusquement des spasmes comme nerveux. S'installe l'illusion que ces spasmes saisissent malgré lui le personnage ainsi créé. Brèves interruptions, mais pour laisser s'exprimer l'angoisse d'un regard à la dérive. Un visage décomposé. Cris. L'invention hachée et brute d'un nouveau vocabulaire gestuel, violemment inédit. Que Gilles de La Tourette aurait pu composer. Langage sans compromis, qui vient chercher quelque chose très loin dans le corps, pour nous l'imposer. Cela continue. Stupeur et tremblements. Gène, et toujours aucune musique pour l'atténuer.
C'est une révélation poignante quand, une éternité de 10 minutes plus tard sautillent les premiers accords de guitare de "The girl from Ipanéma", qu'on a entendu mille fois, mais jamais comme cela. Louise Cavallier déambule alors gauchement, comme une danseuse de buto. "But she doesn't see....?" La phase répétée par Stan Getzsur le registre brumeux mais léger du sax ténor installe un contraste pathétique avec ce qui est vu. Mais le dérangement n'en est pas atténué, ni happy end ni rémission.
On ne parvient pas, après ces émotions, à s'intéresser vraiment au Sacre du Printemps qui suit. Malgré Stravinsky (1882-1971), malgré les toutes les trouvailles, malgré l'énergie et l'excellence des quatre danseurs, rhabillés de la Pudeur des Icebergs. La majorité de l'audience semble pourtant acquise ou conquise, de la pré-ado à couette du premier rang aux mamies expansives derrière. Mais cette pièce va beaucoup moins loin que Traces. C'est simplement de la danse, et les pas sont toujours placés, impeccablement, SUR le tempo.C'étaient, de Daniel Léveillé, Traces N°II (1989) -♥♥♥♥♥-interprété par Louise Bédard, puis Le Sacre du Printemps (1982), interprété par Frédéric Boivin, Mathieu Campeau, Justin Gionet, Emmannuel Prouix. Une fois encore à Vanves Théatre, avec Artdanthé.
Guy
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22:00 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
mercredi, 28 février 2007
Something Else?
On l'a enfin ce soir vue de nos yeux pour de vrai, l'ultimate-work-in-progress-trash-performance, celle que si elle n'existait pas il aurait fallu l'inventer, le mètre étalon de l'éternelle toute dernière tendance, à chaque génération récrée- mais toujours la même!- avec enthousiasme et urgence, le truc tel que se l'imaginent d'un air entendu les gens normaux quand on essaie de les persuader de venir voir au moins une fois dans leur vie de la danse contemporaine avec nous: tout y est en effet et jamais dans le bon ordre: surtout d'abord des temps morts qui n'en finissent pas de mourir, à bouger eux mêmes tous les deux les projecteurs, les accessoires, la sono, les instruments de musique et tous les objets superflus, et accomplir toutes les actions inutiles de ce genre, et aussi s'acharner à des actions censées être signifiantes, mais sans d'intentions claires, ni scénario, ni progression, sauf que la fille perd sa jupe au bout de trente secondes et que l'étourdie a oublié de mettre une culotte, et si distraite qu'elle garde le haut un peu avant d'avoir trop chaud, le garçon résiste tout de même quant à lui dix bonnes minutes avant de se retrouver à poils lui aussi, après inévitablement, tout dégénère très rapidement: à part ce à quoi on s'attend- et qui évidemment se produit dans les grandes lignes et en poses démonstratives-, en plus ils crient, chantent et ânonnent- Les Idiots de Lars von Triers pourraient passer pour des surdoués à coté- dans le meilleur des cas on distingue quelques phonèmes d'un anglais soap-variété, ils font souffrir des guitares désaccordées et à usage phallique, et font souffrir nos oreilles avec du larsen, jouent beaucoup avec des adhésifs aussi, sont fascinés par les fluides, et nous font bien sentir qu'ils pourraient allez encore plus loin (encore plus bas? encore plus haut?) s'ils voulaient mais le travail est en cours encore, pour explorer au 1er et au 13° ces deux originales thématiques: everybody-is-a-fucking- rock-star et regarde-c'-est-incroyable-moi-aussi-j-ai-des-organes-génitaux, mais en tous cas on ne comprend pas soi-même pourquoi en fin de compte on a aimé, alors que c'est exactement le genre baclé qui nous crispe d'habitude, mais le fait est qu'on les aime, peut-être parcequ'eux-même n'ont pas vraiment l'air de se pendre au serieux, et sur scène ne semblent jamais être d'autres personnes qu'eux mêmes, qu'ils ont de la présence à la tonne, que tout cela irradie une honnêteté brute dans le genre destructeur et régressif, too much pour être vraiment et méchamment provocateur, et presque tendre au fond-limite romantique punk- et qu'ils s'y croient moins que "La Zampa", et qu'on les remercie pour quelques éclats de rire libérateurs, surtout au vu d'une glissade nue dans l'huile et la bière, après toutes ces semaines à voir et écrire des spectacles si sérieux, on en avait bien besoin, et puis on investit: après tout peut-être feront-ils le Théâtre de la Bastille l'an prochain.
C'était Stand by me/mad even (travail en cours) de la Compagnie Else, à Point Éphémère, devant cinquante personnes par terre sur des coussins au début et tout de même encore vingt cinq à la fin. C'était gratuit et ça recommence demain.
Guy
P.S. Voir des photos sur leur site
22:25 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note
Daniel Léveillé: le choc des glaçons
Les cinq danseurs de Daniel Léveillése présentent sur scène au naturel. L'expression est un peu désuête, mais pour le coup semble tout à fait adaptée: notre grande semaine de la nudité intégrale en danse (après Maria Donata d'Urso et Boritz Charmatz), s'achève sur une note comme presque naturiste. On s'imagine bien ces garçons musclés plonger droit et stoïquement dans des lacs glacés.
A defaut de pouvoir jamais être anodine, une nudité donc "morale" de premier abord. La preuve en est que le Théatre de la bastillen'a pas jugé nécessaire-comme cela avait le cas pour Ann Liv Young-d'interdire
le spectacle aux moins de 18 ans. Conclusion: à la Bastille on
peut être tout nu, l'important c'est d'être tout
nu chas-te-ment. Et il y a "pudeur" et "icebergs" dans le
titre, c'est dire qu'on se situe à l'opposé de la lascivité
des cocotiers. Avant de fermer la parenthèse, relevons
qu'il n'y avait hier que des adultes dans la
salle, ce qui ramène bien interdiction d'il y a quelques mois à sa
stricte fonction gesticulatoire.
D'ailleurs rien
de sexuel ni d'"explicite": on se touche très peu, ou
alors virilement, et pour des portés droits et vigoureux, qui
s'achèvent en bruyants lâchers. Le corps de l'autre encombre un peu. Et
le plus souvent on danse chacun son tour, ou parfois à deux en
echo. On court raide, on saute- très haut- on s'immobilise
accroupi, essoufflé. Puis on revient attendre en fond de scène, au
garde-à-vous, comme pour un exercice militaire. Tous ces
mouvements juste un peu adoucis par un fond de Chopin.
Mais tout du long on se regarde, sévèrement, impassiblement, yeux
dans les yeux, avec intensité...Peut être la trouve-t-on là, la
première clef qui nous permet de rêver cette pièce, ce contraste entre
la nudité-source de tous les dérapages possibles-et la sévérité des
regards, ces regards qui désamorcent toute vulgarité, et ouvrent un
espace d'interrogation et de mystère.
Une demoiselle rentre en
scène, dans le même uniforme, pour rejoindre les messieurs. Mais
la surprise est de courte durée. Il est vrai que l'armée ouvre depuis
déjà longtemps ses rangs aux femmes. Et cette femme ci tient ici
exactement le même rôle que les hommes, pas de regard déplacé ni
de gestes ambigus. La nouvelle venue ajoute plutôt un type
physique suplémentaire à cette palettes de
physionomies masculines déja contrastées, une fesse un peu
plus ronde et moins musclée. Des athlètes et le style de danse est à
l'unisson, haché, découpées en répétitions, en actions courtes,
rapides, vigoureuses, des sprints arrêtés, des poses
d'atlêhtes antiques-pourquoi soudain pense t on à
Montherlant?
Mais on aurait tort de s'en tenir là, bien que la plupart des fournisseurs professionnels de pensée en papier qu'on a lu se sont arrêtés à cette rudesse (pour ceux qui ne s'en étaient pas tout simplement arrétés à la nudité). Car se glissent entre les scènes des instants d'hésitations, d'abandon, des moments de soudaine vulnérabilité, qui font basculer la pièce vers l'intensité. Un danseur frissonne soudain, ou considère son propre corps, étonné. Une danse de groupe s'esquisse, les possibilités se multiplient, on ne reste plus droit comme un I mais on se prostre. Les mêmes motifs sont repris, mais avec plus de brutalité: le partenaire n'est plus porté mais rejeté à l'autre bout de la scène. Un amas de corps se forme- plus résigné, plus serein peut-être que celui de Herses. Par ces renversements gradués on vient de dépasser la démonstration et le maniérisme pour entrevoir bien plus loin.
Bref on est même persuadé qu'ils peuvent danser autre chose, habillés. On devra attendre deux semaines pour le vérifier, au festival Artdanthe.
C'était la Pudeur des Iceberg ♥♥♥♥♥de Daniel Léveillé au Theatre de la Bastille, et c'est jusqu'à demain.
Guy
P.S.: Et Daniel Lévéillé nous propose une belle vidéo, ici.
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13:15 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
vendredi, 23 février 2007
Boris Charmatz: la révolution permanente
André
Malraux aurait dit - selon Romain Gary-: "L'Art c'est ce qui n'est
pas". Bel aphorisme, et qui pose de beaux défis à qui se risque
à parler d'art justement. Ce soir une chose au moins est
sure: il s'agit ici de refus. Le refus
des codes de la discipline et du spectacle, le
refus de la décence et de la joliesse, jusqu'au final:
proposé en un état de corps indistincts et agglutinés, une triste
masse de membres, de chairs et de nudités qui roule et s'affaisse
sur elle-même. Soit l'exact inverse d'un bel et dynamique ensemble
dansé. Avant ce rassemblement sans union, les
interactions entre danseurs apparaissent accidentelles,
hasardeuses, évoquent plus des manoeuvres d'approches animales que
le sempiternel rituel de séduction dont la danse de couple tend à
faire la représentation dans 80% des cas.
Pour créer il ne suffit pas de tourner le dos à la tradition: avec des intentions voisines beaucoup s'abîment dans la lourdeur et la médiocrité, le premier moment d'ivresse passé, tous repères perdus, incapables de recréer un vocabulaire qui nous intéresse. On en a déjà vu plus d'un dans ce cas et c'est triste à se pendre. Mais chez Boris Charmatz c'est peu de dire quelque chose se passe. D'incroyablement riche et dense, nouveau, passionnant. Ni sympathique, ni drôle, ni aimable. Quelque chose de peut-être trop dense pour une seule soirée.
C'est que le garçon, de formation académique, ne part pas de zéro. Mémoire et oubli se heurtent et se répondent. Les danseurs s'envolent quelques instants en figures classiques avant de s'effondrer en relâchements piteux, d'un grotesque très buto. Les portés mous se transforment en vagues affalements. La narration se trouve sans cesse brisée, l'action éclatée et décentrée en de multiples errances. L'éclairage se contredit d'un épisode à l'autre, la musique se pose en décalage, et l'anti-solo de violoncelle s'introduit après la danse. Les attributs masculins pendent de tous cotés, les developpés des danseuses s'ouvrent à rebrousse poil sur la crudité de leur entrejambe. Le corps a perdu ici toute sa superbe scénique et ce choix du nu facial et clinique, qui karcherise tout effet érotique, n'apparaît que comme l'un des moyens puissants mis en oeuvre pour affirmer le refus de la joliesse, le recherche de la radicalité.
Il s'agit d'une reprise, d'une pièce crée il y a 10 ans, et qui est resté un repère dans le mouvement contemporain. Boritz Charmatz avait 24 ans à la création, à peu prés l'age où un autre surdoué, Orson Welles commit Citizen Kane, l'âge où l'on renverse les règles de l'art pour en imposer des nouvelles. Une fois cet aspect historique venu à la conscience, c'était presqu'impossible de d'en abstraire. On a donc essayé d'écrire comme si on était en 1997. Cela fait il une différence? Notre regard est bien trop faible pour embrasser l'ensemble de la scène actuelle et en evaluer la créativité. Mais l'on se demande si cette pièce n'est pas plus révolutionnaire aujourd'hui qu'hier, à voir aujourd'hui tant de spectacles qui réinventent inlassablement la banalité. Et Boritz Charmatz a t il tenu ses promesses d'il y a dix ans? Oui, à en lire certains (Clochettes). mais pour d'autres, c'est moins évident (Image de Danse). Ceux qui iront le voir ce soir ou demain à Vanves avec Ardanthe se construiront leur propre réponse.
C'était Herses(une lente introduction) ♥♥♥♥♥♥, de et avec Boris Charmatz, avec aussi Audrey Gaisan, Christophe Ives, Latifa laabissi, Alain Michard au Centre national de la Danse.
Guy
Avec tout ça, presque pas le temps de se rhabiller, on va voir les danseurs de Daniel Leveillé mardi prochain. Pas frileux eux non plus.
Photo de J-M Cima tirée du site du C.N.D.
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18:45 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
jeudi, 22 février 2007
Maria Donata d'Urso fait sa nue
Ralentissons,
arrêtons tout, et regardons. Respirons doucement. Cette danse est
très lente, de l'ordre des phénomènes infimes. Elle nous évoque les performances de Cyndy Van Acker, celles de Myriam Gourfink, de Sumako Koseki, ou de Moeno Wakamatsu...
Le dispositif scénique casse notre regard en deux, pour le restructurer
radicalement. Par cette nouvelle organisation géométrique, qui
crée une opposition entre d'une part la stricte horizontalité d'un
plan de verre froid et transparent, et ces rondeurs chaudes et
organiques qui évoluent de part et d'autre du plan. De même que la
peau se transforme, lorsqu' elle s'orne d'un bijou.
Plus l'on regarde, moins l'on voit. Et ainsi l'on peut voir quelque chose de nouveau. Une forme qui évolue en équilibre au dessus du sol. Formes au pluriel, car ce corps est fragmenté en parties nues, au dessus, au dessous de ce plan. Des parties ambiguës dont les positions sans cesse se reforment, et jamais le visage n'est vu. Dans cette semi obscurité et ce temps qui s'étire, on ne reconnaît plus bientôt jambes ou bras, fesses ou épaules, seulement des mouvements mystérieux de muscles et de chairs indépendant de tout ensemble connu. Juste à la fin sera restitué dans sa familière intégrité le corps d'une femme allongée, doucement soulevé et transformé par une lourde respiration. Est ce tout le long une évocation du regard amoureux, sans cesse étonné par le mystère enivrant et irréductible du corps de l'autre? Maria Donata d'Urso fait sa mue, se dépouille de jusqu'à son humanité, pour une expérience qui va au delà de la nudité, aux antipodes de toute théatralisation, de toute narration.
C'était Collection Particulière ♥♥♥♥ de Maria Donata d'Urso, au Centre National de la Danse.
Guy
P.S.: plus tard dans la soirée Audrey Gaisan, Boris Charmatz et leurs camarades étaient nus eux aussi. Mais trés différement. Et la nudité n'était sans doute même pas le sujet. on essayera de comprendre nous même cela tout en l'expliquant demain.
reprise d'une photo d'Eve Zheim présentée sur le site du C.N.D.
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14:15 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
vendredi, 16 février 2007
Ersatztrip: 0%
L'erotisme
reste trés soft, la violence bien inoffensive,
l'action s'estompera au final derrière le vaporeux d'un rideau de
plastique. Juste en première partie quelques grimaces et regressions félines, histoire
de se faire peur un peu. Si peu. On comprend vite qu'il
s'agit d'une réflexion désabusée sur le spectacle, qui se donne
elle-même en spectacle. Où les danseurs sont ramenés à leur condition
de produits-substituts (ersatz) de nos phantasmes, au même rang des action-men qu'ils manipulent.
Est ce pour dire que tout est factice, que rien n'a vraiment d'importance ?
Avec tout le long une danse labélisée basses calories, saine pour les yeux et l'esprit, ni maladroite ni inintéressante du reste. Qui racole d'abord un peu coté hip hop, un coup ballet et un coup conceptuel-contemporain et déambulations en boucles. Qui nous offre pourtant un vrai et beau moment de trouble, quand une danseuse comme hors de son corps est portée, soutenue, manipulée par ses partenaires. Avant que la danse ne se complaise dans un style cabaret erotico-disco mais encore parfaitement exécuté.
Tout celà est décoré de gadgets à la mode: chanson désabusée, ambiances techno-bruitistes, projections vidéo sur seins et abdos, récitatifs désincarnés, empilement funèbre d'objets divers de consommation et costumes variés. Des scènes à chaque fois in-essentielles, toujours pourtant bien amenées, changement d'ambiance toutes les cinq minutes chrono, le fait est que l'on n'arrive même pas à s'ennuyer.
C'est un produit culturel light, qualité iso91000, ambiance easy listening pour les yeux, garantie sans émotions dangereuses, ni toxicité. A l'exact opposé du Pork-in-Loop vu précédemment. Difficile de leur reprocher, c'est après tout honnête, cohérent avec le titre et le concept.
C'était Ersatztrip- ♥♥♥-de Christian Ubl, au Vanves theatre , toujours avec Artdanthe
Guy
...et pourquoi tous ces petits coeurs? Les réponses bientôt, ça s'agite dans la blogosphère!
P.S. : et Vincent Jeannot était là!
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22:30 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note
lundi, 12 février 2007
T.R.A.S.H., l'art de la chute
Au festival Artdanthé, les soirs se suivent mais décidément ne se ressemblent pas. La surprise ce lundi soir vient des Pays-Bas. Mais plus rien à voir avec Rubens cette fois.
L'accompagnement live a beau être retenu et acoustique-clarinette basse et violoncelle- l'inspiration est violemment contemporaine. Frénétique même, paniquée, hystérique, énervée. On ressent, dés les premiers instants tendus, que l'énergie sera le maître mot. Sans pouvoir encore se douter jusqu'à quel degré.
La toute première chute, par sa violence laisse
incrédule. Les suivantes aussi- bruits mats du choc des corps contre le
sol- et ceci jusqu'à la fin, jusqu'au rire admiratif et nerveux.
Portant à son
point d'exaspération ce commentaire radical, ironique, furieux de
l'insupportable quotidien- qu'il soit amoureux, social, médiatique. Mis
en évidence par quelques dialogues grotesques- le temps de laisser les
corps éprouvés reprendre souffle, après s'être entrechoqués, avoir été
renversés, projetés en l'air, précipités contre les murs.
Rien de désordonné ni de bâclé dans ce jeu de massacre: c'est un langage chorégraphique résolument moderne et cohérent qui s'impose au regard par fragment et ruptures. Qui paradoxalement inspire une impression de rigueur et d'austérité, au delà de sa dimension provocatrice. Toute la différence avec des artistes tel qu' Ann Liv Young, qui bien que s'inspirant de thématiques voisines, en restent- faute de travail?- à une plate imitation du crétinisme contemporain. Rigueurévidente de la part des 7 performeurs, qui d'évidence doivent faire preuve d'une discipline digne des arts du cirque pour accomplir sans risques les prouesses physiques imposées. Avec tant de désinvolture affichée.
C'est
d'autant plus dommage, que- faute d'une scénarisation assez nette ?-
toute cette énergie semble un peu trop se disperser, sans laisser dans
notre mémoire, une fois la tempête passée, toute la persistance qu'elle
aurait mérité de laisser. Pour que l'on garde vraiment alors le
souvenir d'une performance d'exception.
C'était Pork-in-Loop de T.R.A.S.H. -♥♥♥♥--dans le cadre du festival Artdanthe, au Vanves Théatre. Où nos voeux de dimanche dernier dernier ont été exaucés; une main anonyme nous a réservé durant la nuit une petite place en 2 dimensions et 24H/24H, sur le mur du fond...
Guy
P.S. du 15/2:on a donc inséré deux très dynamiques images capturées par Jean Michel Coubart,on est invité à s'étonner avec leurs 71 voisines, sur son site www.coubart.fr/jmcoubart/ , partie http://www.coubart.fr/jmcoubart/ardanthe.
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23:20 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note
dimanche, 11 février 2007
Herman et Dalila
Erika Zueneli, nous avait invité, il y a peu, à passer de l'autre coté du cadre avec Edward Hooper. C'est bien plus loin dans le passé que nous devions remonter avec Herman Diephus, pour y rencontrer Rubens et Jordaens, à en croire le programme.
Il ne faut jamais lire les programmes. Ni les dossiers de presse. Ni la presse qui recopie les dossiers.
Peut-être
une fausse piste, cette promenade du coté des primitifs flamands,
entrevus le temps de quelques poses dans un clair obscur
distancié. Juste un prétexte, une judicieuse inspiration, un point de
départ stimulant. Les personnages dès qu'ils s'échappent du tableau,
n'en font qu'à leur tête. Dalila surtout, car Samson
est un pantin, yeux gagnés par une panique muette, un jouet de chair et
caoutchouc manipulé avec gourmandise et affection par cette
femme au corps de matrone. Un corps tel que celui de Dalila Khatir, on en
voit rarement sur une scène de danse: le résultat est passionnant, et
ceci écrit sans la moindre complaisance. De même qu'on l'entend
rarement dans ces mêmes lieux une voix comme la
sienne, à nous guérir de notre allergie
au lyrique. Coté danse, la répétition des
enchaînements se fait commentaire ironique- mais pourquoi le
public de la danse ne s'autorise-t-il à rire que très prudemment? Le
tout est aussi intelligent et froidement drôle que les dernières
performances de Brigitte Seth et Roser Montllo
Guberna. Surtout totalement imprévisible, ce qui n'est pas si fréquent
que cela, ouvert et surprenant du début à la fin.
Cette conclusion, l'ancien testament (livre des juges, chapitre 16) ne nous donnera aucune clé pour la comprendre, tant mieux. Pas de tonte, ni de colonnes qui s'écroulent, mais simplement la plus tendre, la plus originale, la plus délicate des mises à nus que l'on se souvient avoir vu.
C'était "Dalila et Samson, par exemple" -♥♥♥♥♥♥-de et avec Herman Diephuis, avec Dalila Khatir aussi, dans le cadre du festival Artdanthe au Vanves theatre,où on se sent si bien qu'on voudrait s'y installer discrètement dans un coin, jusqu'à fin Mars au moins.
Guy
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17:25 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
jeudi, 01 février 2007
On Solde
On en a lu tant de mal, on aurait aimé pouvoir en dire du bien.
Pas moyen.
Le Bazar du Homard- ♥♥♥♥♥♥-de Jan Lauwers au Theatre de la Ville
Guy
P.S. du 05/02 : hier Le Tadorne, aujourd'hui JD, ont trouvé le courage d'en parler.
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23:05 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
samedi, 27 janvier 2007
Xavier Lot: Bienvenue à l'Humanité
Au commencement, assourdi, le son de volées de cloches, mais ce sont de toutes simples ampoules que l'on voit pendre
au plafond. Le danseur se glisse, de dos, pour les faire les unes aprés
les autres se balancer. Ces lumières nous ouvrent dans l'ombre un
territoire multiple et mystérieux, celui des voyages de Bienvenue Bazié. Quand celui ci nous fait face enfin, on découvre que ce garçon est d'une incroyable beauté.
Et au moment où le récit écrit par Xavier Lotse fait danse, c'est comme un seul mouvement enchaîné, puissant, virtuose, l'équivalent visuel d'un chorus infini et coulant de notes liées. Un récit fort, complexe et sincère, mais sans aucune naïveté.
Bienvenue Baziévient jusqu'à nous
depuis le Burkina Fasso. Pour nous faire un beau cadeau avec cette
performance. On ignore, pour notre part, à peu prés tout
de l'état de la danse africaine contemporaine, on a simplement eu le
sentiment de voir s'exprimer ici un art qui s'enrichit en traversant
toutes les frontières, qui touche à l'universel, tout en cultivant
sa mémoire.
C'était, au Vanves théatredans le cadre du festival Artdanthe, "Welcome to Bienvenue" -♥♥♥♥♥♥- de Xavier Lot avec Bienvenue Bazié. Qu'on reverra en mai, Au Tarmac de la Villette.
Guy
P.J. : Bien avant Paris, Bienvenue Bazié était passé à Aix: comme en témoigne le Tadorne, ici
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vendredi, 26 janvier 2007
Kataline Patkai: la reine lézarde?
Kataline Patkai imite Jim Morrison à la perfection.
Pour être exact, Kataline Patkai restitue parfaitement le personnage que le chanteur de The Doors créait sur scène, ce personnage qui a survécu au Jim Morrison privé. On pourra lire à ce propos les pages 81 à 92 de "Confessions d'une Groupie" de Pamela Des Barres, ouvrage de référence pour tout spécialiste sérieux en rockologie.
Danse "indienne", yeux clos, transe, pied de micro menaçant, balancement sensuel, sursauts, évocations orgasmiques, tout y est. Sauf le saut de l'ange dans le public: elle n'a pas osé. Sur le papier, c'était sûrement prometteur, de chorégraphier une gestuelle rock à priori trés étrangère à la danse, et d'incarner avec un corps féminin- là dessus pas d'équivoque- un mythe sexuel masculin.
Mais voilà, sur scène, ça ne décolle pas. On se dit
que tout est trés bien imité, et on en reste là, comme devant son
lecteur de DVD. Pas plus stimulant qu'une parodie de Brian Wilson sous calmants.
Fausse bonne idée? Projet mal travaillé? Pas assez structuré? C'était peut être un jour "sans", on se consolera en regardant ici un extrait de sa création précédente(Appropriate chothing must be worn), ou on retournera la voir au ranelagh ou au LMP en février/ mars dans l'espoir d'un soir "avec".
C'était, hier soir, Rock Identity (part one) -♥♥♥♥♥♥-, au Vanves théâtre, dans le cadre du festival Artdanthe.
Guy
P.S. : La même soirée, il y avait Bienvenu Bazié chorégraphié par Xavier Lot,on y reviendra après la pause
P.P.S du 11 février: mise en ligne de 2 photos de Vincent Jeannot. Qui confirment que visuellement au moins, c'tait tout à fait ça.
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mercredi, 24 janvier 2007
Christie Lehuede: auto-vivissection
L'air pas aimable Christie Lehuédé, cela dès son entrée en scène, et on s'en sent aussitôt irrésistiblement proche. Rien d'aimable en effet, des talons aiguilles à la chevelure d'un rouge agressif, du regard mauvais aux traits crispés.
Logique car elle joue un corps crispé, et pas heureux du tout, jamais serein, comme douloureusement contraint à l'exercice du spectacle. Souvent un bras tendu à l'horizontale, appuyé sur une jambe qui se fait plus longue que l'autre en un équilibre boiteux. Un corps à la recherche de la rupture et qui ne se permet un répit douteux que parvenu aux limites de l'essoufflement. Alors amplifié. Dans cet esprit, cinquante minutes de solo permettent bien des péripéties, des surprises, des reprises et des développements, tout cela dramatisé par une mise en lumière violente, une bande musique d'une rare intelligence. Le catalogue des postures érotiques n'y survit pas, parodié jusqu'à la grimace buto, exacerbé, exaspéré, et ce n'est pas par hasard que Christie Lehuédé convoque la gestuelle et les images de la boxe. Ce corps n'a aucune pitié pour lui-même, tenté par sa dévoration. Au bout du mal être, la déstructuration, comme et avec une poupée de Bellmer.
On connaissait la non-danse, c'est peut-être à l'anti-danse que Christie Lehuédé s'essaie ici, le vocabulaire de la danse dans toute sa technicité mais comme révolté contre le genre lui-même.
Et à la fin à peine l'ombre d'un sourire pour saluer: bravo.
C'était ce soir Autopsie d'une Emotion-1 ♥♥♥♥♥♥ de et part Christie Lehuédé, au théâtre le Vanves dans le cadre du festival Artdanthé, où l'on retournera souvent, et même demain déjà.
Guy
23:05 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note
lundi, 15 janvier 2007
Mamiko Mitsunada, Sosana Marcelino, Camille Mutel: premiers gestes assurés au Kiron
C'est Philippe Verrièle qui avait signé la programmation de cette soirée au Kiron Espace, une raison suffisante pour courir découvrir ces "premiers gestes".
On a pourtant abandonné en chemin Mamiko Mitsunada, belle danseuse aux cheveux roux, et cela presque dés le début de son Rêve. Un solo riche et autant mimé que dansé, accompagné d'une bande son champêtre, puis contemporaine. Mais ses intentions sont perdues entre sa conscience et au moins la notre, quelque part dans le vaste cosmos. Qui dira pourquoi certaines rencontres ne se font pas? Un peu trop de tout à la fois ?
Sosana Marcelino avait pour sa part déserté la scène, et pris possession de l'espace de la galeried'exposition
du Kiron. Choix judicieux pour que s'impose d'emblée toute la
force de son solo. Peu frileuse et un peu folle, la donzelle
transformait ce lieu un peu froid en terrain de jeux espiègles, habité
d'amis imaginaires. Et de spectateurs subjugués par sa présence d'une
rare évidence, le quatrième mur réduit en miettes. Avant, une fois
débarrassée de sa jupe de tulle- était ce le passage à l'âge adulte?-
qu'elle n'investisse les dimensions les plus inquiétantes de sa
féminité, exprimant cette découverte à force de dérèglements
furieux.
C'était, pour finir, le retour (parisien) de Camille Mutel, cette même danseuse qui avait fait une apparition mémorable lors de son passage il y a un an à Bertin Poiré, pour un solo conclu par un devoilement d'une violence extrème, une soirée qui avait inspiré quelques belles lignes à Philippe Verrièle, justement.
C'est encore du Sexe avec un grand S dont il était question, plus suggéré que montré cette fois ci, mais, pour cette raison même, non moins intensément présent tout au long de cette danse solo. Un solo trop intense et tragique pour que subsiste la moindre trace de vulgarité, en cet abandon douloureux dans cette position torturée, dos au public et renversée en arrière, écartelée, jambes ouvertes et haletante. Un solo plus construit que ce qu'on avait vu auparavant, ménageant quelques apaisements, alors que le le regard osait enfin cette fois se montrer.
C'était le festival premiers gestes danse à l'espace Kiron, c'était un peu Buto et on peut voir les mêmes danser demain (mardi), et puis encore le soir d'après.
Et Sosana Marcelino reviendra -plus longuement- fin mars au Kiron.
Guy
23:30 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
jeudi, 11 janvier 2007
Le principe de solitude: 5 fois Heddy Maalem
On
a retrouvé ce soir 5 raisons de ne pas désespérer de la danse
(La pure, la vraie danse, celle qui se tient à l'écart de toute pluridisciplinarité, à la différence par exemple des performances de Roser Montllo Guberna et Brigitte Seth, remarquables mais dans un autre genre).
5 expériences passionnées qui nous guident loin des écueils sur lesquels nous nous étions naufragés lors de nos dernières errances: le néant conceptuel d'un coté (Vera Mantero), la démonstration virtuose de l'autre (Emio Greco). 5 solos et pour une seule soirée c'est presque trop, tant à chaque fois tout semble neuf et réinventé.
5 solos dirigés par Heddy Maalem. Dont deux au moins- "Un petit moment de faiblesse" par Aline Azcoaga et "Reconstruction de Vénus" par Laia Llorca Lezcano"-seraient sans
doute de nature à ravir même les inconditionnels de la danse
classique. Pour peu que ceux ci ne soient pas rebutés
par les tenues: slip et bonnet de bain excentrique pour la
première danseuse, simple nudité par la seconde- on va céder à la
facilité et qualifier cette nudité de boticellienne.
Des styles contrastés pourtant: quand Laia Llorca Lezcanolà virevolte en pas enchaînés sur fond de Vivaldi, puis s'introverti délicatement, Aline Azcoaga joue
plutôt en continu sur la décontraction et le
rebondissement, évolue en balancements. Pour surprendre d'autant
plus lorsqu'elle revient plus tard nous exposer "La formule des hanches": c'est une toute autre atmosphère qu'elle installe, plus abstraite et géométrique- la musique de Stockhausen n'est sans doute pas pour rien dans cette impression-et- même plus surprenant encore- sans alors ennuyer.
Les garçons- Serge Anagonou et Shush Tenin, trichent et nous font le solo de "La pratique de l'ombre"à deux. A moins qu'il y ait là une énigme à résoudre: on choisira de croire qu'il n'y a qu'un seul personnage qui à force de heurts et de sensualité se découvre en miroir, qu'il est peut être question de gemmeléité.
Pas moins fascinante et pas seulement pour son physique, Simone Gomis, dans un crescendo athlétique et quasi- terrifiant, qui se résout en un alanguissement final, d'une exceptionnelle charge érotique.
C'était Le Principe de Solitude♥♥♥♥♥♥ d'Heddy Maalem, ce soir au théatre Artistic Athévains, et surtout c'est demain encore.
Dans le cadre du festival Faits D'hivers dont on saura tout bientôt avec le Tadorne, en blog et en live à la fois.
Guy
P.S. : On a rajouté plus haut 4 émouvantes photos (mais comment choisir!), avec l'aimable autorisation de Vincent Jeannot (Photodanse)
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mercredi, 10 janvier 2007
Brigitte Seth et Roser Montllo Guberna: elles tuent
Elles osent tout, ces deux femmes, et elles ont terriblement raison. Mais sans jamais qu'elles en fassent trop, sans jamais
qu'elles ne sonnent faux. Ne se glissent jamais là où on les
attend, mais juste un peu à coté, parlent lorsqu'il
faudrait qu'elles dansent, interrompent une phrase en
français ou catalan pour entamer un pas de danse. Ou laissent la
danse s'achever en un geste discret. Ou ne font rien du tout,
sinon regarder et écouter intensément leurs musiciens jouer Biber (1644-1704). Avant de casser les violons.
Toujours jouer de tout en un mot. Brigitte Seth minaude et se tortille, en personnage de bourgeoise ahurie. Roser Montllo Guberna se suspend enfantine, puis glisse au sol et évolue, sur un mode doux-amer, fausse ingénue.
Et elles reprennent ensemble le récitatif des ces meurtres ordinaires selon Max Aub (1903-1972), auteur allemand d'origine, français de naissance, espagnol de formation, mexicain d'exil. Compagnon de Luis Bunuel entre autres:
à entendre toutes ces raisons tranquilles et évidentes de tuer son
prochain, l'on croirait parfois voir un chien andalou passer.
Elles osent tout, et d'abord jouer le grotesque, le plus court chemin vers l'humanité, avec la grâce inquiète des rides et des cernes, d'une irrésistible beauté. Pour leur faire pardonner toute la noirceur du propos.
C'etait la création des Recitatifs Toxiques ♥♥♥♥♥♥de Roser Montllo Guberna et Brigitte Seth (Compagnie Toujours Aprés Minuit) au Théatre de la Ville, et c'est jusqu'à samedi, avant Epilogos bientôt au Festival faits d'hiver , et avant Je te tue, tu me tues, au festival Artdanthéencore aprés, toujours autour de textes de Max Aub.
Guy
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13:00 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
jeudi, 28 décembre 2006
Blanka était là
Les
vrais gens étaient là, enfin. Dans la salle des fêtes de la mairie
du XIX° arrondissement. Décorée de faux marbres et de dorures, trompes-l'oeil champêtres et colonnes antiques, chaises en plastique, jus d'orange et nappes en papier.
Avec sur la scène une artiste vivante, contemporaine, et des vrais gens pour la regarder, les mêmes gens que l'on voit au bistrot, dans la rue, au marché, et dans les salles des fêtes justement, toujours devant le buffet, mais alors avec vaguement l'air de se demander s'ils sont là à leur place. Les gens à qui il ne viendrait jamais à l'idée d'aller dans une salle branchée et parisienne, telle la MC 93 à Bobigny par exemple. Les gens à qui nous ressemblons peut-être avec leurs rides, leurs mentons et leurs casquettes, leurs lunettes démodées, leurs enfants et leurs camescopes, leurs fringues en solde, et leurs kilos en trop.
A la différence de Blanka,princesse
d'europe de l'est aux yeux fous, maquillée de noir jusqu'aux
lèvres et vetue de blanc flou, tissus et cheveux flottant autour d'une
présence fébrile et squelettique, toute droite sortie du bal des vampires. Blankaqui
s'autoproclame poète folle, danseuse, chanteuse, actrice, modèle,
performeuse, journaliste, musicienne, rien de tout cela à la
vérité mais un peu de tout quand même, tant mieux pour l'audace et tant
pis pour les cases et les règles.
Tant pis pour la technique aussi, pour toutes les techniques méprisées avec la désinvolture de la beauté: deux accords de guitare répétés en boucle pour supporter les libres vocalises, puis un obscur monologue sur le mal de vivre et d'être là, dit plus tout à fait en polonais, et pas encore en français vraiment, enfin une danse qui se moque de la virtuosité pour emprunter au flamenco quand Blanka tourne, au buto quand Blanka tombe, une danse parfumée de sensualité mortifère- robe raccourcie en jupe à coups de ciseau par le complice- pour s'achever en une immobilité de plusieurs minutes, de quoi perturber tous les gens, vrais ou pas.
Juste ce qu'il fallait pour être poète dans cette salle des fêtes, ouvrir un peu cet espace froid vers un ailleurs rêvé, et mériter quelques applaudissements des vrais gens.
C'était "Dis-moi, Ophelie crie moi... Ophelie!" de Blanka, dans le cadre de la "fête des urbanités", dans la salle des fêtes de la mairie du XIX° arrondissement.
Guy
22:55 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note
samedi, 16 décembre 2006
Hell: et l'enfer dans tout ça?
C'est assez branché pour être programmé au Théâtre de la Ville, assez consensuel pour ne pas en faire fuir plus d'une vingtaine de
spectateurs, assez malin pour faire applaudir tous les autres à
plusieurs reprises en cours de spectacle, assez gonflé pour
commencer avant que ces spectateurs ne soient installés, assez
italo-néerlandais pour devenir tout à fait parisien, assez
énigmatique pour faire intelligent, assez intelligent pour qu'on
ne puisse plus en douter, assez sérieux pour s'attirer les éloges de
Rosita Boisseau, assez riche en genres musicaux différents
pour vous réveiller toutes les dix minutes, assez court de toute façon
pour éviter que l'on s'endorme, assez long pour ne pas sembler fumiste,
assez virtuose pour contraindre à
l'admiration,
assez varié dans son déroulement pour ne pas lasser, assez érudit pour
ravir les connaisseurs, assez riche en terme de vocabulaire
chorégraphique pour intéresser même les profanes, assez
déshabillé pour émoustiller les spectateurs de toutes préférences,
assez rusé pour surprendre, assez doté en danseurs, en effets sonores
et visuels, en budget pour qu'on en ait pour son argent, assez
travaillé pour mériter le respect, assez sombre pour paraître profond,
assez drôle et second degré pour qu'il soit moralement permis de se
détendre.
Un professionnalisme digne de Broadway au service de la danse contemporaine, tel semble être le concept mis en oeuvre par Emio Greco. Le secret du succès.
D'où vient alors, qu'on se dit qu'assez, c'est trop ou trop peu, qu'on n'est pas totalement satisfait ? Qu'on aurait presque préféré, un peu d'imperfection? Est ce parce qu'on est jamais content, comme un enfant gâté ?
Mais au fait, ça parlait de quoi?
C'est Hell ♥♥♥♥♥♥ , d'Emio Greco et Pieter C. Scholten, au Théâtre de la ville, ce soir encore.
Guy
P.S. Le regard d'images de danse, ici
17:00 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
vendredi, 24 novembre 2006
Blanche Neige et le sexe explicite: toute la vérité
On s’est engagé hier à tout dire sur SNOW WHITE d' Ann Liv Young, au Théâtre de la Bastille, et sur les raisons de l'interdiction de ce spectacle aux mineurs.
Sans rien cacher.
Donc disons tout.
Avec objectivité, avec déontologie, avec méticulosité.Dans le fichier texte qui suit sont décrites de manière trés explicites des actions à vocation artistiques exécutées en direct par des danseuses sur la scène du Théâtre de la Bastille devant le public, et qui reproduisent à l’identique certaines pratiques sexuelles, ce qui nous oblige à déconseiller-à défaut de pouvoir en interdire l'accés- la lecture de ce texte aux mineurs de moins de dix huit ans, ainsi qu’à toutes les personnes que de telles descriptions pourraient offenser en raison de leur sensibilité, de leurs convictions, de leur histoire familiale et personnelle, de leur orientation sexuelle ou de leur religion.
Les personnes qui, aprés avoir pris connaissance de cet avertissement, décideront de lire ce texte, sont priées de cliquer sur les liens lignes suivantes, et s'engagent d'avance à ne pas rechercher la responsabilité du rédacteur si elles estiment par la suite avoir subi un préjudice moral ou psychologique du fait de cette lecture.
Tous_les_details_sur_la_scene_de_sexe_de_SNOW_WHITE.2.doc
On espère qu’après ces descriptions on aura autant de visiteurs sur ce blog qu'il y avait hier de spectateurs au Théâtrede la Bastille. En tout cas on aura été aussi prudent que le Théâtre.
Ceci posé, si l'on s'efforce ne pas considérer uniquement l'aspect "sexuellement explicite" du spectacle, sans en pouvoirs'en abstraire non plus, car il est consubstanciel à la pièce, il faut bien admettre que, pour une fois, le Monden'avait
pas tout à fait tort. Même si c'est sûrement pour de "mauvaises"
raisons! Il nous reste la seule consolation de donner tort à Libération.
C'est tout de même plus court et distrayant qu’une performance de Vera Mantero, mais il n’y a pas grand mérite à ça. Les thèmes que l'on peut exploiter autour de Blanche-Neige sont quand même riches et variés, on se souvent avec fascination d'un "Cas Blanche Neige" vu l'an dernier.
Mais tout est ici considéré à travers la longue-vue souvenir de Disneyland, même reconvertie en godemiché. Ann Liv Young reproduit à l’identique, avec les apparences de l'enthousiasme et sans suggérer le moindre recul critique, les manifestations diverses de la sous-culture mondiale ambiante: chansons populaires, objets populaires, danses, récits naïfs ou familièrement pornographiques. Est ce une démonstration par l'absurde?
Les jouets de grande consommation jonchent la scène. Le fameux sex-toy introduit plus tard en est une déclinaison adulte, en voie de banalisation. Blanche Neige hurle "Le Lion est Mort ce Soir" en boucle, à s'en ruiner les cordes vocales (notons qu'elle chante en français, ce qui est plutôt courtois pour l public), comme un credo naïf. Le vocabulaire chorégraphique semble emprunté aux clips des chaînes musicales 15-25 ans. Heureusement soutenu par une energie néo-punk primale, le sol martelé à grands coups de godillots, l'air brassé par de martiaux mouvements d'avant bras, style qui s'accorde d'ailleurs assez bien avec la physionomie plutôt robuste des interprètes. De l'exagération, de l'audace- on fera crédit à A.L.Y. de ne pas être si audacieuse et de de ne pas s'engager si physiquement dans son projet par seul opportunisme et besoin de promotion. Mais toujours pas de distance entre le sujet et la représentation, pas d'enrichissement du sujet, peu de plus value artistique.
Posez-les toutes trois sur un char, vous aurez presque un spectacle chanté et dansé pour une parade de Disneyland, à quelques détails prêts.
Avec moins de détails à changer qu’on pourrait le penser.
c'était Snow White♥♥♥♥♥♥ d' Ann Liv Young , au theatre de la Bastille.
Guy
P.S. : A lire, le point de vue-infiniment plus enthousiaste!-de JD
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jeudi, 16 novembre 2006
Vera Mantero: 1/10 (pour les costumes)
Dieuest decidement tendance en novembre. Avec ce soir: "Jusqu'à ce que Dieu soit détruit par l'extrême exercice de la Beauté"
Pourquoi pas...
Mais après ce qu'on a vu ce soir, on peut être rassuré (ou déçu): Dieu a encore de beaux jours devant Lui. A moins que Dieu Lui-même puisse mourir d’ennui.
A en croire certains, Dieu aime par dessus tout les enfants et les faibles d’esprit. Dans ce cas, il peut se réjouir en observant les activités d’école maternelle auxquelles se livrent Vera Manteroet ses invités. Cela s'appelle "le chef d'orchestre". L'un des six bienheureux- ils sont tous assis en rang d'oignon- prononce une syllabe et puis une autre après, et chacun d'ânonner la phrase à sa suite- une généralité comme tirée d'un manuel d'anglais pour touriste pressé- et de mimer avec lui. Si vous vous ennuyez, ne vous reste qu'à deviner qui a parlé le premier.
Et sur scène, quand on se lasse, on bouge les chaises. Et après on recommence, puis on re-bouge les chaises encore. Autour d'une météorite géante, posée là sur la scène, sublime forcement.
C'était Jusqu'à ce que Dieu soit détruit par l'extrême exercice de la Beauté" ♥♥♥♥♥♥au Centre Georges Pompidou- est il vraiment besoin de le préciser?
Avec la bénédiction du Festival d'Automne à Paris.Demain soir à nouveau, et encore le soir d'après.
Guy
P.S.: pour ceux que l'art conceptuel affole, un autre point de vue, bien plus sophistiqué, sur le même objet, ici
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vendredi, 27 octobre 2006
Inbal Fichman: buto casher?
"Je suis Japonaise", dit-elle...
Pourtant Inbal Fichmanest israelienne. Même quand elle bride les yeux, en quête d'un ailleurs, d'une nouvelle identité.
Mais
israélienne en premier lieu, de tout cet héritage, pas
vraiment facile à porter. En témoignent ces symboles qui
marquent la peau: l'étoile de David d'abord,
mais d'autres aussi qui évoquent les drames indicibles. Il faut
alors solliciter toutes les ressources de la danse, du buto, du mime,
du chant, du théâtre d'objet, pour traiter le sujet, ainsi mis
à distance, et rendu supportable, d'une transformation à
l'autre, en en gardant intacte l'émotion.
C'est évidemment passionnant. c'est inévitablement étrange, c'est bien sur émouvant. Peut-être sommes nous tous des juives nipponnes dansant à Paris, déchirées entre notre passé, notre vecu et notre imaginaire. Essayant de nous rappeler qui nous sommes, et attirés par l'Autre et sa culture, dans les salles de spectacle en premier lieu.
C'est à l'Espace Falguière, jusqu'à mi novembre.
Guy
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jeudi, 28 septembre 2006
Une + deux
On préfère, et de loin, Perrine Valli une fois qu'elle s'est débarrassée de ses poètes suisses, libérée de la poésie et du bruit. Pas tout à fait, car en raison de l'isolation très approximative des différentes salles de Mains d'oeuvres, il fallait ce soir un peu d'efforts pour imaginer le silence autour d'elle. Donc pas de musique, pas d'effet d'éclairage non plus, des habits d'un noir digne et discret, autant de manières de signifier d'entrée que l'on se situait ce soir dans l'austérité.
Pour
une danse lente et prés du sol, à la rigueur toute
géométrique, l'émotion contenue dans les yeux, et l'abandon de
certains glissements. Interrogative aussi: les bras et
jambes se transforment obstinément en aiguilles d'horloge pour
ébaucher la mesure d'un temps rêveur et intime. Ici les
équilibres et arrêts, tels ces brèves pauses face au public, pudiques,
énigmatiques, prennent presque autant de valeur que les mouvements qui
les lient. Économiques, presque jusqu'à l'agacement.
La pièce est courte, comme encore ébauchée. Elle laisse peut être un peu sur sa faim, à force de dédaigner crânement tous les effets faciles. Mais l'artiste est très jeune, et son histoire-on le pressent et on l'espère- en est à ses tous débuts. Et de ce premier essai on oubliera juste le titre: "Ma cabane au Canada".
Cette soirée découverte nous projetait ensuite, sur le plan de l'esthétique, à des années lumières de cette première partie sobre et introspective, en compagnie alors de Myriam Lefkowitz et Lise Casazza ( Cie Débribes).
Pour atterrir d'abord dans un baquet en compagnie de l'une des danseuses, inanimée. Pourquoi donc un baquet? Était-ce pour lui permettre de s'en extirper, toute nue sous son collant transparent, et bientôt sans collant du tout? C'était une raison aussi valable qu'une autre après tout.
"Et alors, qu'est qu'elle devient" ensuite, après cette naissance de Vénus, et une fois un peu rhabillée?
Sa partenaire l'a rejointe, fébrile, et l'on comprend alors de quoi ce
soir il s'agit: ces deux personnages sont très intéressés l'un par
l'autre, et auront fort à faire pour se découvrir mutuellement.
Elles se livrent pour celà à une chorégraphie dynamique et inquiète, ni brouillonne ni confuse pour autant.
Maquillées
en miroir, amantes ou jumelles, ou les deux à la fois, elles
s'approchent l'une de l'autre, énervées, se croisent, se frôlent
se heurtent, se considèrent, se touchent, se tâtent, se caressent, se
maltraitent, s'agrippent par les plis de la peau et des vêtements,
évoluent ensemble ou parallèlement, enlacées ou entravées l'une à
l'autre, échangent les rôles, se soulèvent et se portent l'une l'autre
et se laissent tomber brutalement. Tension, doutes, émois, ruptures. Malgré l'humour sous-jacent, plus de stupeur que de sensualité dans tout cela.
Autant dire que jusqu'au moment où elles retourneront choir ensemble dans le baquet originel, on n'aura guère eu le temps de s'ennuyer.
Ni ce soir, ni demain soir encore.
Guy
PS on a trouvé plein de belles photos ici , site qu'on là lui-même trouvé sur ce portail là
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jeudi, 21 septembre 2006
Puits sans fond
On aurait jamais cru être un soir saisi de pulsions homicides au Centre Culturel Suisse.
C'est pourtant l'effet qu'eut sur nous la "poésie sonore" de Vincent Barras et Jacques Demierre.A
force de notes tenues s'achevant en onomatopées,
d'halètements, surtout de râles étouffés, on se sentait soi-même
devenir asthmatique, agressif, oppressé. Poétiquement, le concept ne
tenait pas ses vagues promesses, malgré l'ânonnement final d'un lexique
aux résonances presque kobaiennes. Sauf à illustrer l'inanité
d'un art qui a volontairement oublié son passé et sa culture, pour
réapprendre à parler tel un enfant, mais les spectateurs n'ont pas la
complaisance attendrie des parents.
Il restait un peu de place sur la scène: pour cette raison sans doute Perrine Valli y dansait, sur une chorégraphie de Cindy Van Acker.Sans que l'on perçoive vraiment les interactions entre sa lente progression et la performance sonore qui se déroulait en parallèle. Ou alors c'est d'accablement que la danseuse restait plaquée au sol pour y ramper. De toutes manières on ne la vit pas beaucoup, ce "Puits"était trés bruyant mais peu éclairé.
On attend donc avec curiosité de revoir Perrine Valli dans une autre pièce, bientôt à Mains d'oeuvres
Non accompagnée.
Guy
22:10 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
samedi, 17 juin 2006
Indigestion a l'Echangeur
Hier soir menu varié à l’Echangeur, avec quatre danseurs, quatre soli.
L' entrée en matière est pourtant un peu maigre avec les « Peaux » de Pedro Pauwels. Qui nous propose un régime très conceptuel et contemporain, impossible rébus sur une esthétique de déambulations/immobilisations et bâches plastiques.
On est quand même séduit en seconde partie, par le tutu mélancolique et le projecteur à main, manié avec une pudeur qui laisse deviner une immense sensibilité, à fleur de peau justement. Le tout avec une remarquable économie de moyens.
En guise de plat de résistance, Erika Zueneli danse « Noon », pour évoquer Edward Hopper. La ressemblance
est saisissante, dés le premier tableau. Mais il faut bien que la
danseuse danse ensuite, et tant mieux, car ce point de départ n'a sans
doute été que prétexte pour développer, sur une partition de Denis
Chouillet, des variations plus personnelles. Où il est question de
confrontation au social, de frénésie, de spasmes et de tensions, de
désirs et de frustrations, de troubles émotions. Après divers
dérèglements, on conclut par un nouveau tableau immobile, tout
naturellement.
Mais comme souvent, tout se gâte au dessert pour que l’on reste sur sa faim.
D’abord huit minutes encore trop indigestes, à regarder Hélène Marquié larmoyer, et à subir en boucle
la même chanson de Colette Magny. Le procédé est exaspérant: est-ce
pour bien s’assurer que l’on comprenne? Où pour nous distraire de cette
progression pathétique, ponctuée d’un triste dégagé de décolleté. Déjà
le titre agaçait: « Vos lacunes font émerger nos rêves »Qui
est le Vous ? Qui est le Nous? Peut-être nous-mêmes, hermétiques,
et qui ne remercions pas l’Unesco, pour avoir commandé ce chef-
d’œuvre. Qui a pour ambition d’évoquer les violences faites aux
femmes, elles s’en sont sûrement trouvés réconfortées.
Cela ecrit, comme on n'a pas été trés gentil, ceux qui voudront en juger par eux-même, pourront regarder ici.
Quant à Yukiko Nakamura….On aurait du fuir dés la lecture du programme : « …Et encore au loin regarde une vue de mon dos. Elle regarde quelqu’un qui n’est plus là. Et moi non plus ».Hélas on est resté, à regarder, et elle aussi, au loin.
Guy
P.S. Le programme continue ce w.e. avec changements de plats. Et entre autres Elena de Renzio, pour "Ah! Ah!", qu’on avait aimé une autre soirée cette année à Bertin Poirée.
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vendredi, 12 mai 2006
Sasha Waltz met le feu...
Sasha Waltz met- littéralement- le feu à la scène du Theatre de la ville. C'est sans doute à ce moment du spectacle que le fossé se creuse entre la chorégraphe et ses spectateurs enfumés.
Dommage, tout avait bien commencé.
Que le décor flambe (un peu), on peut le comprendre, prevenu du theme de "Gezeiten": l'humanité confrontée à toutes les catastrophes: tsunami, tremblements de terre, attentats, cyclone, epizootie....
Cette douloureuse problématique à l'esprit, on s'est laisé aller, au début du spectacle, à aimer une danse de groupe, à la fois nerveuse et délicate, sur des fugues de Bach, sans mievrerie, pleine d'énergie et d'ironie. Et on a lu-bon public- dans les mouvements ce qui était écrit sur le programme.
Mais bientôt surviennent les cataclysmes. Face à l'adversité, les personnages s'enfuient affolés, pleurent ou meurent, se battent ou se secourent. Presque comme pour de vrai. Car dés ce moment, hélas, tout est presque mimé.
On s'en voudrait de reprocher, par principe, à la chorégraphe de tenter de rassembler les disciplines. Mais il n'empeche: le vocabulaire de la danse employé au début, allegorique, mais expréssif et maitrisé. s'est revélé bien plus efficace que la représentation de scènes trés figuratives qui a suivi. A vouloir raconter au pied de la lettre, Sasha a perdu en route toute la force du recit.
Pour qu'il ne reste que de la pyrotechnie.
Mais dans ce genre là, les parcs d'attraction font bien mieux.
C'était Gezeiten ♥♥ de Sasha Waltz , au Theatre de la Ville
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19:00 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
vendredi, 05 mai 2006
Suisse Panique, Suisse Beauté - Claudia Gradinger
Il se passe souvent quelque chose au Centre Culturel Suisse.
Surtout quand Claudia Gradinger y vient danser.
La représentation se fait attendre, on y est certes habitué, dans ce lieu d'arts où le lieu de spectacle est caché. Mais ce soir des anomalies s'insinuent aux frontières de notre champ visuel. Ubik ? Toutes les spectatrices ne sont pas telles qu'elles semblent être. Brusque confirmation de ce soupçon, mais d'autres réponses ne seront jamais données: ce qui est dans la tête reste caché.
Il est un temps rassurant de rentrer dans la salle, mais ensuite tout semble devoir encore se dérégler. Sons volontairement mal maîtrisés, corps décalés, les mamies investissent la scène, considérations sur l'âge des articulations, démonstrations et contrebasse maltraitée, apparaît une femme à l'oeil noir, jeune mais dans une robe démodée, les mamies se déchaînent et nous-même ne savons plus sur quel pied danser. Échanges de rôles, des territoires troublants et ruinés surgissent sur l'écran en fond de scène, qui se lève ensuite pour laisser place à un corps dérangeant et allongé.
Après: peinture et verbe, la progression du discours échappe à toute rationalité. Mais-changement de direction- la suite se joue dans le registre de la beauté. Car hélas Claudia Gradinger est terriblement belle. Final dans la séduction, la sauvagerie, la virtuosité, et dans le classicisme même.
Est ce dommage? Était-ce obligé ?
Réponses plus tard peut-être.
08:25 Publié dans Danse | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note